PLOMB
connue depuis très longtemps puisque Hippocrate et Galien connaissaient déjà l'intoxication saturnine (avant XII émé siècle)
plusieurs isotopes stables : (Pb204 Pb 206, Pb207 ,Pb208)
Le saturnisme :
C’est une intoxication aiguë ou chronique, professionnelle ou domestique, par le plomb, ses vapeurs ou ses sels, qui pénètrent dans l'organisme par voie digestive ou respiratoire.
Les manifestations surtout en chroniques : Hématologique, neurologique et rénale.
1er tableau des maladies professionnelles.
I- PROPRIETES PHYSICOCHIMIQUES DU PLOMB :
oxydes
| sels
| organique
| PbO, PbO2, Pb3O4
| PbS (Galène),
PbSO4,
PbCrO4
| Pb(C2H5)4
|
II- USAGE:
1- métallurgie :
Extraction et trt des minerais : Pb Zn Sn
métallurgie du plomb et de ses alliages,
trempage de l’acier et son tréfilage.
récupération de vieux plomb.
| 2- industrie chimique et ses applications :
matière plastiques stabilisés au plomb
peintures, émaux, couleurs et mastic au plomb. (oxydes, sels et dérivés org.)
| 3- artisanat :
objets au Pb et ses alliages (Sn)
Soudure à l’étain
feuilles de plomb en radiologie.
| 4- métiers d’art :
Cristalleries
faïence et céramique
poterie artisanale
peinture d’art.
| 5- autres :
accumulateurs
balles, plomb de chasse.
Phytopharmacie : trt des vignes.
antidétonant (dérivés org )
|
III- CIRCONSTANCES D’EXPOSITION :
1)- Intoxication accidentelle +++
Eau de boisson ou d'eau de cuisson
Habitations anciennes : canalisation en plomb
Eau agressive (pH < 6.5, aérée non chargée de sels de calcium) : plomb ionisé dans l’eau
Eau du matin (stagnante) : plus concentrée en plomb
Eau de cuisson d’aliments contaminés
Aliments
ustensiles de cuisine : l’acidité solubilise le plomb d'un alliage ou d'une peinture.
aliments végétaux traités par des insecticides à base d’arséniate de plomb,
aliments grillés au feu de bois dont le bois peint avec des peintures à base de sels de plomb.
gibiers contenant de plombs de chasse : se solubilisent progressivement dans l'estomac
Enfants à l'âge "main à la bouche" <3 ans peuvent grignoter, mâcher la peinture écaillée ( lits, meubles, jouets)
Pollution atmosphérique
gaz d'échappement des automobiles à essence avec un antidétonant (Pb tétra-CH3 ou tétraC2H5); chaque automobile émet 1 kg/ans de Pb : l’air des villes 1 à 5 µg de plomb / m3 d’air.
Rejets industriels.
poussières provenant de vieilles tapisseries;
Autres
craies colorées, crayons de couleurs jaunes ou oranges au chromate de plomb(PbCrO7).
produits cosmétiques fards, poudre de riz; le port de chaussures en cuir verni blanc;
protège-mamelons en plomb chez la mère ou la nourrice qui intoxiquent le nourrisson....
2)- Intoxication professionnelle : ++ (elle était ++++) voir usage
Vapeurs
| Poussières
| Purification des minerais, de fonderie, le rivetage à chaud.
Découpage au chalumeau de vieilles tôles peintes au minium ou à la céruse PbCO3
| les plus fines plus dangereuses
travaux de récupération du vieux plomb, tréfileries en plomb.
fabrication d'accumulateurs (limage et de la soudure d'éléments),
polissage et ponçage à sec d'objets en plomb,
destruction à la flamme de peintures à base de plomb.
|
3)- L'intoxication criminelle : +/-/0 IV- TOXICOCINETIQUE : 1- Absorption :
Voie digestive
|
| Voie pulmonaire
|
| Voie cutanée
| - intestin : ++
- transport actif
- Taux d’absorption :
adulte 10%
enfant 50%.
- relation Pb ingéré/j et Pbme : linéaire
|
| - industrie ++
- Forme : poussière de Pb métal ou de ses dérivés. - Taille : < 1 µm : traverse la paroi alvéolo- capillaire. >5 µm : évacués par les cils avec le mucus
puis ingurgitées peros.
- la rétention respiratoire 50 %.
- relation Pbme – Pbatm : linéaire
|
| - Pb inorg. (-)
- Pb org. (+)
Pb(C2H5)4 dans l’essence
|
2-Distribution : Tricompartimentale
2ème compartiment
TISSUS MOUS (SNC,REIN,FOIE)
| ←
| 1er compartiment
SANG
| →
| 3ème compartiment
OS *
| 5-10 %
BHE : +-- substance grise et les ganglions de base. BFP : facile > 12ème sem surtout cerveau fœtale ++
Pbme f = Pbme m.
Lait : faible 10µg/l.
T ½ = 40j
Marqueurs d’expo récente
|
| 1-2%
GR : 99%
-groupement SH : thioloprive → dosage dans sang total
- intrC > mb
Plasma lié aux protéines Alb + , γ globulines
Plasma sous forme libre
T ½ = 35 j
Marqueurs d’expo récente
|
| 95% Forme : tri(P) insoluble dans la corticale de l’os. Forme de stockage
T ½: 30 ans
Exposition cumulative
| * Le Pb osseux n’est pas dangereux pour l’organisme; sauf en cas de variation du métabolisme phosphocalcique (Mdts, grossesse, ménopause) ; libération retardée du Pb vers le sang et apparition de signes d’intoxication même sans exposition récente. 3- Métabolisme :
Le plomb inorg n’est pas métabolisé dans l’organisme.
Les dérivés org : déalkylés en dérivés tri- et disubstitués, au niveau du foie, par des MO à CYP P450
Le métabolisme libère du Pb inorg . 4- Elimination :
> 75 % urinaire 15% fécale < 1% : phanères, sueur, sécrétions bronchiques…
Pb lait = 10 et 30 % de la Pb me
À l’arrêt de l’exposition après exposition unique, la cinétique d’élimination du plomb est polyphasique :
la première période : T ½ (30 min à qq h) = la phase de distribution
la seconde période : T ½i- 30-40 jours
la phase terminale : T ½ : 10 ans.
V- INTERACTIONS
Pbme ↗
| Pbme ↘
| nourriture riche en graisses : ↗ l’absorption
IR : T ½ ↗
| - calcium, phosphore et zinc: ↘ l’absorption (mécanisme compétitif au niveau intestinal)
- fibres alimentaires, de fer et de thiamine
|
VI- MECANISME D’ACTION TOXIQUE 1-Hématotoxicité :
action centrale sur la synthèse de l’hème :
Affinité L’affinité du Pb++ pour les groupements SH entraîne une inhibition de l’enzyme de synthèse de l’hème
 2
Ferrochelatase
Oxydase
3
Oxydase Décarboxylase
la plus sensible
le Zn++ empêche l’autooxydation des grp SH du site actif.
En prenant sa le Pb++ permet l’oxydation,
Pas de condensation des 2 molécules d’ALA.
1 4
ALA Déshydrase Désaminase ALA synthétase
1 1
* Action sur ALAD
- cible privilégiée du plomb dans l’érythrocyte.
- ALAD possède (Zn2+) qui empêche l’auto-oxydation des groupements SH du site actif.
- le Pb prend la place du Zn2+, et permet cette oxydation → empeche la condensation de 2 ALA. Conséquences :
- accumulation d’ALA dans le plasma → ALA urinaire ↗ (80% de l’enz inhibée = Pbme 400µg/l)
- L’ALA est une agent pro-oxydant, exerce un « stress oxydatif » induit le relargage de fer a partir de la ferritine.
2
Action sur la Ferrochélatase
La Ferrochelatase forme différentes metalloporphyrines en utilisant comme substrat :
- le fer Fe2+ (hème) - le cobalt Co2+ (Co-protoporphyrine IX) - zinc Zn2+ (Zn-protoporphyrine IX). Conséquences : L’inhibition de la ferrochélatase par le Pb2+ et la non disponibilité de Fe2+ :
accumulation de zinc-protoporphyrine IX (ZPP) caractéristique de l’intoxication chronique.
↗ fer sérique .
- ↘ synthèse de l’hème → ↘ synthèse de la globine = synthèse de l’Hb => Anémie.
- ↘ multiplication des EB dans la MO : ↘ GR : libération des EB (hématies non mures avec noyau) => hématies à granulations basophiles (HGB).
Stress oxydant
- Accumulation de l’ion O2*-
- péroxydation des lipides mb
- oxydation de l’Hb qui précipite,
- ↗du glutathion oxydé
Autres actions :
inhibition des CYT c oxydase : dysfonctionnementde la phosphorylation mitochondriale ;
inhibition des catalases (groupement héménique)
accumulation de l’ALA
inhibition de la pompe Na+/K+ membranaire : perturbation du transport actif = Hémolyse.
2. Altération de l’homéostasie calcique : Membranaire : compétition avec le Ca au niveau des systèmes de transports membranaires :
canaux calciques voltage dépendants
Ca2+ ATPases membranaires
Intracytoplasmique :
Le plomb interfère avec le rôle majeur de messager intracellulaire du calcium en prenant sa place sur divers récepteurs et effecteurs:
activation de la calmoduline et la protéine kinase C : altération de la signalisation intracellulaire.
Inhibition des mécanismes de captation et de stockage mitochondrial du calcium.
3. Neurotoxicité :
Plusieurs mécanismes proposés :
inhibition du métabolisme énergétique aérobie
inhibition de l'activité Na+/K+-ATPase
substitution du calcium par le plomb
blocage des canaux calciques voltage dépendants : action rapide, réversible et spécifique
blocage (C↗) ou suractivation (C↘) des récepteurs du glutamate de type N-méthyl-D-aspartate (NMDA)
effets sur systèmes GABA/glutamin /cholin /dopamin/adrén/ sérotoninergique .
Encéphalopathies et de neuropathies périphériques.
l'enfant ++ : plus vulnérable.
4. Néphrotoxicité :
NEPHROPATHIE SUBAIGUË
| NEPHROPATHIE TARDIVE
| Après le début de l’exposition
| Après 10 à 30 ans d’exposition
| Pbs > 1500 µg/l
| Pbs >600 µg/l.
| atteinte de TCP : hyperplasie :
Atteinte mitochondriale et inclusions intranucléaires
| atteinte tubulo-interstitielle et glomérulaire
| syndrome de Toni-Debré Fanconi :
Protéinurie fPM (b2-µglobuline, a1-µglobuline, retinol-BP),
Pnzymurie, Aminoacidurie
Glycosurie, hyperCaurie et une hyperPurie
| Définitive évolue vers atrophie et fibrose
| Perturbation du système rénine-angiotensine induisant une H.T.A.
5. Génotoxicité / Cancérogénécité :
Effet génotoxique indirect en altérant :
Risque accru de cancer bronchique ou rénal. Les systèmes de réparation de l’ADN ;
Le maintien de la structure de l’ADN ;
L’expression de certaines kinases régulant le contrôle du cycle cellulaire.
Le CIRC: cancérigène possible 6. Reprotoxicité :
Toxicité testiculaire : oligospermie, une asthenospermie et une teratospermie ( Pbme > 400 - 450 µg/l)
Tératogenèse : Avortement ;Mort fœtale ;Malformations et altérations de la croissance fœtale.
7.. Autres :
- Réduction du métabolisme des xénobiotiques suite a l’inhibition des enzymes à gpt héménique CYP450
- Lésions endothéliales à l’origine d’une modification de l’élasticité artérielle ;
- Perturbation du systeme neuro-endocrinien (↓ LH, perturbation de la fonction hypophysaire). VII- SYMPTOMATOLOGIE 1- intoxication aigue :
- Rare - Professionnelle - Inhalation massive de poussières ou de fumées ou ingestion accidentelle.
Troubles digestifs
|
| Troubles biologiques :
|
| Troubles neurologiques
| Vomissements Oesophagites + gastrites
Douleurs épigastriques et abdominales
Diarrhées et selles noires.
|
| Anémie hémolytique
↗ de la créatininémie
Atteinte cytolytique hépatique
|
| Encéphalopathie
HTintracrânienne Agitation/Coma convulsif.
|
| Rein
|
| Cœur vx
| oligurie + IR tubulaire
|
| collapsus, mort.
|
2- intoxication chronique = saturnisme : SATURNISME MINEUR « PRE CLINIQUE » :
Intoxication professionnelle.
SIGNES CLINIQUES : phase silencieuse période d'imprégnation d'accumulation du toxique.
-le liséré de Burton :(PbS) (Pb+ H2S des Bc) taches bleues ardoisées de 2 mm
-modification de la chronaxie musculaire : en particulier des extenseurs.
-manifestations neuropsychiatriques surtout chez les enfants :
↘ performances intellectuelles ou scolaires, l’attention la concentration + troubles du comportement. SIGNES BIOLOGIQUES :
Paramètre
| Modification
| Pbme
| GR
| bas mais rarement <3.5 M.
| 700 µg/l
| hématies à granulations basophiles (HGB) non spc
| 10 HGB/100 leucocytes
|
| Taux de réticulocytes
| ↗ ( hyperhémolyse)
|
| Hb
| ↘ : anémie hypochrome, microcytaire
| 400 µg/l
| ALA urinaire spécifique du saturnisme
| ↗ > 6 mg/l
| 500 µg/l
| PPZ
| ↘ < 2,2 µg / g Hb , 35 µg / 100ml
| 150 -
| PPE
| ↗
| 250 µg/l
| ALA D la plus sensible
| ↘
| 150 µg/l
|
PLOMB SANGUIN ET URINAIRE :
Pbme normale < 100ug/l : origine alimentaire très variable (sexe, age, habitation, habitudes (tabac, alcool)
Pbme > 250 ug/l : intoxication chez l’enfant .
Pbme > 400 ug/l : intoxication chez l’adulte.
Pbme > 600 ug/l : impose la mise en route d’investigations complémentaires ( M/2 professionnelle ) .
Pbme > 800 ug/l : nécessite l’arrêt immédiat de l’exposition.
Pburie provoqué (d’EDTA calcique perfusion IV ) 800ug /l/24 h : imprégnation dangereuse.
300-500ug/l pour un recueil de 5 h, SATURNISME CONFIRME (PARVENU AU STADE CLINIQUE) Il est inscrit au tableau des maladies professionnelles sous le N° 1.
Les signes cliniques sont francs : Troubles gastro-intestinaux :
• Le liseré gingival de Burton et les taches jugales de Gubler (sulfure de plomb ) • La colique de plomb, constipation rebelle au TRT. Troubles nerveux:
| Encéphalopathie (enfant)
| Neuropathies périphériques :
|
| | | Lésions
| Œdème cérébral
Dégénérescences axonales
| Démyélinisation
Dégénérescences axonales
| Signes
| amaurose + surdité + aphasie
Céphalées Irritabilité
Delirium tremens ; Convulsions; Paralysies ; Coma=> évolution rapide
| Hyperesthésies
Paralysies (poignets, doigts)
« Mains en griffe » : faiblesse des muscles extenseurs de la main
| Autres : lésions rétiniennes: taches grisâtres au pourtour de la macula pathognomoniques du saturnisme. Troubles rénaux :
Néphropathie Subaiguë
Néphropathie Tardive
Autres troubles :
- HT au cours des coliques de plomb, parfois sclérose artérielle au fond de l'oeil. - atteinte ostéoarticulaire : chez l’enfant : bandes radio – opaques denses métaphysaires au niveau des os
- La goutte saturnine : aggravation de la goute ou complication d'une tubulopathie rénale. IX - TRAITEMENT 1-intoxication aigue :
Douleurs abdominales : Atropine 2mg IV, chlorpromazine 25 mg IM ou 100 mg perf de 500ml glucosé
Lavage d’estomac avec : toutes formes qui insolubilise l’ion Pb++ :
-eau sulfureuse ou soufrée forme de PbS noir. - eau albumineuse : albuminate de Pb.
-sulfate de sodium ou de magnésium : sulfate insoluble blanc.
2- intoxication chronique :
EDTA calcique
(versonate de calcium)
| IV
IM
| Fortes :(50mg/kg/j) avec un risque IR.
Mayenne (50mg/kg/j) en cures, de 5 à 7 jours espacées de quelques jours.
| appauvrit les tissus du fer).
| BAL
|
| 25 mg/kg/j
| pas de sous résultats, il aggrave l’intoxication
| DMSA : Acide 2.3 dimercapto- succinique
| VO
| J1 : 8 et 12 mg/kg/j J6 : 28 mg/kg/j .
| très efficace chez les enfants.
sans effet sur le parenchyme rénal
n’élimine pas Zn Ca Mg Fe .
| La pénicillamine,
| VO
| 600 mg Par 24h pendant 3 à 5 jours
| utilisation plus rare
|
X- DETECTION D’UNE INTOXICATION CHRONIQUE :
Méthode par spectrophotométrie d’absorption atomique (SAA) et méthode polarographique.
1- méthodes biologiques :
2- analyse toxicologique :
La plombémie :
La plomburie provoquée :
Mesure du plomb dans d’autres milieux :
Os
| Mesurée dans l’os spongieux :calcanéus par fluorescence X
excellent indicateur de la dose interne et de la charge corporelle totale de plomb.
peu utilisés en routine, pour le dépistage ou la surveillance
| cheveux
| milieu séduisant car il est facilement accessible.
corrélation entre les concentrations capillaire et sanguine confirmé
risque majeur de contamination externe et les techniques de lavage prélablement au dosage ne donnent pas de résultats satisfaisants.
| La dentine des dents de lait
| a été proposé pour évaluer l’exposition globale pendant la petite enfance.
l’interprétation est difficile : corrélations médiocres ou absentes
|
Eau de boisson : 10 ppb
Pb atm : 150 µg/m3
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