La VI ième république Française








télécharger 457.52 Kb.
titreLa VI ième république Française
page4/13
date de publication20.01.2018
taille457.52 Kb.
typeDocumentos
b.21-bal.com > loi > Documentos
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   13

sommaire

EMILE DE VETCHER



Emile DE VECHTER était grand, plutôt costaud, et il émanait de lui une force un peu magnétique, renforcée par des yeux d’un bleu profond. Quand il vous entraînait dans les profondeur de son regard, il était difficile de détourner les yeux. Sa tenue était celle .d’un marin et il avait ôté son bonnet ce qui laissait apparaître un crane rasé et bronzé. Hubert connaissait son age et pourtant il fut surpris du décalage. Ca ne pouvait être naturel. Enfin, ils étaient pas la pour parler d’age. Il ‘approcha et lui tendit une main ferme que son vis à vis prit avec une puissance insoupçonné.
Hubert prit une boisson sans sucre pendant que Emile sirotait un diabolo à la menthe, également sans sucre. Devant la montée en puissance du diabète et la pression des associations de consommateurs, la plupart des aliments étaient exempt de sucre. Malgré ce que disait les marchands et les fabricants, la profusion des sucreries et autres bonbons dans les années 2000 avaient ligoté les parents et les enfants. Le goût du sucré était inhérent à l’Homme, comme celui de l’amer et du salé était lié à la conformation humaine.
En fait les analyses pyscho-sociologiques et biologiques faites par les scientifiques pour comprendre cet attrait pour le sucre avaient amené des réponses contrastées : Certains endroits de la bouche et les papilles gustatives en premier lieu appréciaient le goût du sucré. Par ailleurs, depuis des milliers d’années le sucré est synonyme de récompense, de réussite, d’amour. Il semblait que le sucre pouvait à certains endroits êtres comparé à de la drogue car elle mobilisait des habitudes et une certaine forme d’addiction. Enfin, les confiseurs, qui avaient vite compris tout l’intérêt financier qu’il y avait utiliser cette addiction , avaient fait en sorte de trouver des bonbons partout, avec des couleurs alléchantes et modes, des formes drôles et surtout des rayons énormes, que ce soit dans les magasins, les stations services, dans les gares…
« Que pensez-vous du Grau du roi ? » demanda soudain Emile à Hubert quelque peu interloqué. « C’est super joli, et c’est resté comme il y des dizaines d’années. « le plus joli, c’est quand même Aigues Mortes » renchéri Emile. « C’est souvent ici que j’écris. Demain, il y a une feria dans les arènes, je vous y emmène. Il y aura de la tauromachie portugaise à cheval. Mais sans mise à mort ». « Ouf » pensa Hubert » je l’ai échappé belle »
En réalité, les gens avaient des problèmes avec les animaux, à tel point que la consommation de viande bovines, de moutons, de lapin voire les poules était devenu quasi nulle. Dans les années 2000, la dddddddddddddddd battait son plein et les citoyens prêtaient aux animaux des sentiments, des pensées, voire plus encore. De fait, peu à peu, plus personne ne voulait manger d’animaux. Cela avait débuté dans les années 1990 avec la tremblante du mouton et la maladie de croswel jacob (le prion des bovins). Et puis, bizarrement, l’évolution humaine amenait les humains à moins manger de viande.
« Au fait, c’est pour quoi faire l’interview ? »
Hubert répondit après quelques minutes de réflexion : « mon patron souhaite faire un papier à l’occasion des 20 ans de la sixième république. Il m’a dit que vous étiez la seule personne à pouvoir parler de cela. J’ai le temps, mon patron m’a laissé le temps ».
« ça tombe bien, nous allons déplacer le bateau et revenir sur Aigues Mortes. On dormira la bas. En plus, à 7 heures, on va faire un tour en vélo. Après on verra ». Et voilà Charles déjà debout, en direction de son vélo tout terrain. « On est pas sorti de l’auberge », pensa Hubert en revenant vers sa voiture.

Premier jour



En fait, Hubert gara sa voiture sur un parking gardé, et suivi Emile vers le bateau. C’était un bateau de rivière de 15 m, avec trois chambres, un grand salon, deux salles de douche et toilettes. On aurait dit une de ces caravanes modernes, un peu comme une maison de papier. Chauffage, larges baies vitrées, immense toit ouvrant découvrant la cabine centrale. Sympa. Les deux hommes avaient passé la soirée à discuter de l’interview, tout en dégustant du vin du pays, Listel Gris et Blanc. Emilé avait décidé de faire la cuisine, une fois qu’il avait compris qu’il s’entendrait parfaitement bien avec le jeune journaliste. Il sortit un coquelon rempli d’une mixture brune. Il ne reconnut pas le plat en question. C’était du bœuf gardian, c’est à dire du taureau en sauce (comme une daube).
Hubert s’en était mis plein la lampe, tant il ne fallait pas lui en promettre. C’est pas comme ça qu’il allait faire son régime. Le repas avait commencé avec des « toulines », petits coquillages du pays et s’était terminé par des melons de Cavaillon au porto. « Ca commence bien », pensa Hubert, mais intérieurement il jubilai que cette première rencontre soit si cool. Et puis ce fut le matin
Le café répandait sont odeur entêtante dans tout le bateau et les saveurs suaves des croissants envahirent la cabine.

« Allez. On petit déjeune et au boulot » dit Emile tout en servant le café. Hubert sorti son magnétophone, testa le micro cravate sur Emile et lui posa les premières questions.
Nous sommes en janvier 2008, les élections municipales se préparent, en même temps d’ailleurs que les élections présidentielles américaines. Nicolas Sarkozy a été élu en mai 2007, président de la République, avec 53% des votants, après une bagarre avec Ségolène Royale, pour l’occasion pas très aidé par son propre parti. Il ne fait pas de doute que le machisme ambiant était toujours d’actualité. La campagne précédent les élections avait été particulièrement vivace, et le peuple ne s’y était pas trompé : le pays s’était passionné. Le candidat Sarkozzi, aidé par les électeurs d’extrême droite de Jean Marie Le Pen était enfin devenu président, son rêve de jeunesse.
Evidemment, un gouvernement de droite, matiné de transfuges de gauche, restructura le pays. Comme on pouvait s’y attendre, ce furent les riches, les patrons, les nantis qui bénéficièrent des largesses politiques. Les premiers mois du règne de Nicolas SARKOZI furent assez tranquilles malgré le fait de mettre en pratique toutes les promesses du candidat. Cette élection, au fil du temps, s’est avérée être un trompe l’œil. Une grande partie du peuple ne se retrouva pas dans la suite des actions du gouvernement, qui pourtant ne faisait que ce qu’elle avait promis. Il fallait bien reconnaître que cette campagne fut exemplaire si l’on s’attache à la communication. Les mots, les phrases, simples « travailler plus pour gagner plus », avaient fait mouches. En réalité, même les plus pauvres, même ceux qui ne travaillaient pas avaient voté pour Nicolas SARKOZI.
Elu au mois de mai 2007, les problèmes sociaux débutèrent dès le mois de septembre et l’on vit rapidement les fonctionnaires dans la rue, les ambulanciers, les policiers, les pompiers, les taxis, les infirmières, les profs et les élèves… En fait, rien n’avait changé et toutes les décisions prises allaient dans le sens négatif. De moins en moins de liberté, de plus en plus de contraintes, un niveau de vie qui s’écornait au fil du temps. En tout cas aucune question véritablement nouvelle n’était posée. Les hommes politiques, les spécialistes économiques, les sociologues étaient dans l’impasse.
Le système capitaliste commençait à s’emmêlait les pieds dans le tapis des affaires financières. Cela avait commençait par les états unis et les centaines de milliers de petits propriétaires ruinés. Toujours aux Etats Unis, quelques mois auparavant, une grande banque avait fait faillite entraînant avec elle des milliers de gens qui avaient mis toutes leurs économies pour une vieillesse heureuse. Le 23 janvier 2008, un trader de la société générale perdait 50 milliards, évanouit dans une nature purement économique. Personne ne se posa la question du fond de ses histoires : ou était l’humain ?
Le soir du 29 janvier 2008, lors d’une émission animé par CALVI , mots croisés, plusieurs spécialistes analysèrent les évènements, sans une seule fois se poser la question de la folie capitalistique. Le super spécialiste de l’économie, professeur et auteur de dizaines de livres Jacques bataille, ne voyait la qu’un épiphénomène sans importance. La bulle allait bientôt se remettre et reprendre son cours normal. Et si, comme pour le réchauffement climatique, l’humanité se dirigeait de plus en plus vite vers sa perte ? Et si c’était normal ?
Au cours du mois de mai 2008, un collège de scientifiques avait décidé de se retrouver à la Sorbonne à Paris. Le but de cette rencontre informelle était d’échanger sur le cancer, non pas en terme de maladie proprement dite, mais plutôt dans le sens de l’environnement. Il n’y avait pas que des médecins invités à ce colloque, mais également des psy, des sociologues, des anthropologues et des archéologue sans oublier des mathématiciens ou des nutritionnistes. Quelques cancers a ce moment là étaient presque guéris mais cette maladie comptait le plus grand nombre de morts. On avait pas encore compris l’importance des éléments extérieurs, des stress, des pressions, de l’autoritarisme ambiant. Il faut dire que les principes sociaux principaux était le travail, la famille et la patrie auxquels il fallait rajouter la consommation, la soumission, l’obéissance.
« Par le plus grand des hasards, un de mes amis m’invita à cette assemblée. J’y fut très assidu car les propos étaient absolument passionnants » dit Charles en servant un jus de fruits de sa composition.
« Pour le sujet traité, un certain nombre de conclusions révolutionnaires étaient apparues, s’éloignant des sempiternelles analyses sur la maladie elle même. On y parla du stress lié au travail, ou de la qualité alimentaire des repas. On s’y demanda pourquoi on ne se donnait pas les moyens de réguler le stress lié au travail au lieu de laisser la sécurité sociale régler la note. Personne ne parla des travaux de henry LABORIT dans les années 1970, qui bien avant tout le monde avait codifié les paramètres médicaux ou sociaux sous un vocable à l’époque bien connu, la biologie du comportement. Il fut le premier à vulgariser les travaux de recherche qu’il menait à partir de rats. Ces colloques étaient nombreux et certains de ses livres obtinrent un succès mérité : le nouvelle grille ou encore l’éloge de la fuite. Alain RESNAIS en fit un film « mon oncle d’Amérique »  (voir la date).
« D’ailleurs, nous allons arrêter là notre travail » dit Eric et l’on reprendra vers 14 heures. Nous nous concentrerons sur Henry LABORIT, car il est sans nul doute à l’origine de mon histoire et de celle de ce récit. Sans lui, la sixième république et les textes n’aurait pas existés. Allez, allons manger ! »


Le soleil était maintenant haut dans le ciel bleu de Camargue. De temps à autre un vol de flamands roses cachait le soleil dans un bruissement d’ailes sourd, avec en fond sonore ce petit cri particulier. Nous étions au mois de mai, et sans doute cela n ‘était pas étranger à la chaleur de ce premier jour passé avec Eric DE VOLDERE. Le bateau était à l’ombre mais il faisait déjà chaud. Tant mieux pensa Hubert, « je suis mieux ici qu’à Paris ». Et puis finalement le contact avec Eric était on ne peut mieux.
« On y va » dit celui ci, « on finit vers 17 heures ensuite on part faire un tour à vélo ». Ce n’était pas une question. Le clic du magnéto fut le seul bruit et aussitôt la voix monocorde d’Eric retentit dans la cabine vernis du bateau.
« J’ai été marqué par FREUD, très tôt dans ma vie, car j’étais à la recherche de réponse à mes questions existentielles. Il ‘m’a apporté les clés de la vie humaine. Le plus important a été de comprendre que nos gestes, nos pensées, nos angoisses, nos colères étaient naturels, que le but essentiels de l’humain n’était ni la bonté ni la haine mais seulement l’assouvissement de pulsions ancestrales, la plus importante étant sans aucun doute la copulation. Manger, boire, détenir les femmes et le pouvoir n’étant que le corollaire à cet acte sexuel, seule façon que les mammifères avaient trouvé pour permettre la survie des espèces, démontré par les travaux de DARWIN sur l’évolution des espèces»

Il continua son explication « Freud a travaillé sur les rêves, sur la sexualité, sur les tabous mais son excellence, et la psychanalyse est la pour nous le démontrer, fut d’expliquer la folie et de comprendre les mécanismes des mondes conscient et inconscient, responsables de tous nos comportements : pulsions, interdictions, refoulements, névroses sont encore aujourd’hui les piliers de nos comportements sociétaux. Le conscient, petite partie de connaissance que nous avons de nos comportements, le subconscient, espèce de gardien moral nous empêchant de transgresser les lois et l’inconscient, véritable mer bouillonnante ou se mélange et se cache l’ensemble de nos travers et de nos mauvaises choses que l’on ne veut pas connaître ».
« Il donne à comprendre également l’importance des religions pour les humains apeurés et incultes, ne comprenant pas les évènements liés à la nature : la foudre, le feu, la mort, les mers sans fin, la pluie…Chacun connaît les divinations au dieu du soleil (RHA), de l’amour (CUPIDON, de la force (Hercule) et du tonnerre (Zeus).

« Je suis donc passé par la connaissance de l’ensemble des textes religieux, la bible, les évangiles, l’hindouisme, le christianisme, le bouddhisme, le judaïsme, le coran pour finalement comprendre que tout cela n’était que des histoires d’hommes, de pouvoir, de peurs. L’explication des choses ne peux venir du religieux. J’ai alors compris que seules les sciences, a condition des les croiser, pouvaient apporter des réponses aux questions que se posent les hommes d’une part et qu’il n’était pas si grave de ne pas avoir de réponse à toutes les questions d’autre part »
« Le déclic me permettant d’appréhender l’âme humaine fut la rencontre avec Henry LABORIT. Il n’était pourtant qu’un chercheur, d’abord docteur dans la marine, puis psychiatre. Profondément libertaire voire anarchiste, il préféra la liberté à tous les compromis. Il ne fut pas un exemple et n’obtint pas de prix Nobel malgré sa découverte des psychotropes, reléguant les camisoles de forces aux oubliettes. Deux livres importants le firent connaître, l’éloge de la fuite et la nouvelle grille. Il mit en avant les comportements biologiques et les compara aux comportements humains. Il fut le premier à mettre en exergue l’importance des stimulis et celle des produits chimiques circulant dans notre corps (la peur et l’adrénaline par exemple). Il fut un des premiers à mettre en avant le principe des grands ensembles en opposition au principe de causalité : « une action amène une seule réaction » (causalité) en opposition à « une action amène un ensemble de réaction sur des objets qui apportent eux mêmes des réactions à d’autres objets et au premiers objets » (feed back). L’effet papillon illustre parfaitement cette dernière théorie, qui veut qu’un battement d’aile en Chine provoque une tempête en Europe. Il met en avant également deux phénomènes par rapport aux apprentissages celui du faisceau de la récompense et celui du faisceau de la punition contenu dans une des aires du cerveau »
« Enfin, il met à jour, grâce à des expériences faites avec des rats, de l’importance du stress et de l’incapacité d’y échapper. Aujourd’hui tout le monde reconnaît que les maladies du travail naissent des pressions exercées sur les salariés. Il explique la réalité de ces pressions, des stress qui naissent et qui ne trouvent de solutions que dans la maladie (maladie psychosomatique) il a pu prouver qu’il n’existait que trois solutions pour se délivrer d’un stress : se battre, fuir ou tomber malade (cancer, schizophrénie, ulcères). Henry LABORIT en 1970 avait déjà mit le doigt sur une réalité du troisième millénaire concernant la nécessité de liberté de l’humain, tant sur le point de vue du travail que sur celui de la vie collective. Par exemple, sous prétexte de moins de morts sur la route, on réduit les libertés de tous, sans se rendre compte que cette dérive sécuritaire réduit les libertés tout court»
Le téléphone portable du journaliste sonna doucement, mais cela suffit pour casser le fil de l’histoire. Gilles en profita pour lever son grand corps et annonça la fin de l’interview : « on va se changer et on s’en va. Il est 5 heures et il fait jour jusqu’à 8 heures. Les vélos sont sur le pont ». 10 minutes après ils étaient partis vers une destination inconnue.
C’est en silence que le deux hommes avalèrent une trentaine de kilomètres, faisant une boucle qui partait d’Aigues Mortes jusqu’aux Saintes Marie de la Mer et retour en passant au milieu des rizières, sur une petite digue sympa, parallèle à la mer. Le soleil descendait lentement sur les salins du midi et renforçait les couleurs d’arc en ciel, allant du bleu au mauve en passant par le rose des flamands et le blanc lumineux des montagnes de sel. D’un commun accord les deux hommes décidèrent de ne pas reprendre l’interview.
Hubert profita de ce moment de répit pour appeler son patron, le fameux Jameson, qui ne manqua pas de lui hurler aux oreilles qu’il prenait du bon temps aux frais de la princesse, que le métier de journaliste ce n’était pas de faire du vélo, et qu’il fallait qu’il se dépêche de terminer son article. Hubert lui répondit qu’il faudra être patient car ce n’était pas lui, le jeunot, qui pouvait avoir la direction des évènements. De plus, c’était toute une vie à écrire et toute une partie du temps à remonter. Il ne croyait pas si bien dire, car sa présence sur le bateau du vieil homme dura en fait plus d’un mois. Il fut obligé de rentrer en cours de l’interview, mais cette fois-ci il prit le train. C’était plus rapide et moins fatigant.
Il faut dire que l’évolution du train avait suivi son cours. Il marchait toujours à l’électricité car finalement c’était le moins polluant. Il allait encore plus vite et sa vitesse de croisière avoisinait les 700 km à l’heure. Il avait fallu résoudre le problème du frottement des rails, ce qui avait été possible grâce à la puissance magnétique. En réalité, à partir d’une certaine vitesse, les roues ne touchaient plus les rails. Hubert aurait pu partir également avec sa voiture dans le train ce qui se faisait très facilement. En effet, dés les années 2010, les nouvelles voitures possédaient 4 roues pouvant se tourner à 360°. Il avait suffit de créer des plates-formes pour les voitures et les voitures se positionnaient et se garaient en entrant latéralement. Il en était de même pour le stationnement en ville, ce qui avait permis de gagner de la place. On pouvait alors rester dans sa voiture ou rejoindre les wagons de vie afin de se restaurer en attendant d’être arrivé.
Hubert se leva en maudissant toutes les générations de vélos. Il était fourbu et les crampes lui tordaient les mollets. Gilles de VECHTER lui proposa un médicament homéopathique et ils déjeunèrent en bavardant de tout et de rien.
Hubert remit son magnétophone en marche : « A la fin de cette rencontre, véritablement passionnante, je décidai d’intervenir. La présence de tous ces scientifiques et autres intellectuels, réunis pour parler de problèmes de santé sans pour autant être médecin venait de me donner une idée ».
J’étais engagé dans différentes structures associatives, politiques et sportives, mais en réalité cela ne me permettait pas de faire changer les choses. Hors, notre nouveau président « Sarko », nouveau roi de France, et sa cour semblaient avoir décidé de ne rien changer du tout. Ils naviguaient à vue, prenant appui sur les évènements quotidiens pour inventer de nouvelles lois ou décrets sans se soucier des aspects pervers de toutes actions : dans les années 2001, fut inventé un permis à point. Le problème était le nombre de tués sur la route. Malgré ce permis new-look, il s’avéra qu’il y avait encore trop de morts sur les routes (2500 en 2007). On inventa les radars automatiques qui mitraillèrent à qui mieux mieux les automobilistes. Les points valsèrent, car les réglages des flashs étaient faits de telle manière que sur une limitation à 100, on était flashé à 105 km heures. Résultat, 10000 000 millions de PV et 3000 000 de points perdus. Les effets pervers de cette loi fut que plus de 800 000 chauffeurs avaient perdu leur permis et conduisaient donc sans assurance. D’une façon générale, ce gouvernement d’extrême droite, ne connaissait pas autre chose que la punition et au lieu de chercher comment résoudre le problème de façon concertée et scientifique, il mettait les francais dans des situations catastrophiques. Ce n’était pas le seul point douloureux pour les citoyens de la France, d’autres raisons les amenaient dans la rue »
Ce mois de janvier 2008 donna une bonne indication sur la nervosité des francais. Tout d’abord un sondage du 31 janvier crédita notre président vedette de 41 % de satisfait ce qui n’était pas mal au bout de 8 mois de gouvernance et un crédit de plus de 80 %. Les taxis, les urgentistes, les avocats et les juges, les cheminots, les policiers, les professeurs et même les caissières des grandes surfaces manifestaient voire faisaient grèves.
De toute évidence, Monsieur SARKOSY s’était mépris sur ses propres capacités intellectuelles et ses choix politiques n’étaient que la redite copie conforme de tous les choix des hommes politiques de droite depuis 30 ans. En tout état de cause la rupture qu’il souhaitait mettre en place avait été mal comprise. Le peuple s’était mépris et avait cru comprendre les promesses électorales. En fait, les intentions de Nicolas SARKOSY était de provoquer la rupture dans un autre sens : plus pour les riches, plus pour les entreprises, plus pour ses copains. Sa volonté de remettre le travail au cœur des actions ne concernait que le peuple, sans que d’ailleurs il n’ait vraiment calculé combien il fallait de travailleur en France.


sommaire

Novembre 2009 : Première assemblée

La rencontre
« Nous étions le 2 novembre 2009 à Paris. Par un de ces hasards qui fait le bonheur des romanciers, des journalistes ou des policiers, je tombais sur une affiche qui annonçait une réunion importante de scientifique de tous ordres. Il y avait des chercheurs, des médecins, des biologistes, des généticiens mais aussi des psychologues, des psychanalystes et autres éducateurs. Le thème de la rencontre était : de la place des chercheurs dans le monde politique. Il s’agissait d’une réunion publique dans une grande salle parisienne, animée par un présentateur télé connu. Cette réunion se déroulait sur deux jour. Plusieurs grands noms faisaient partis du pool des intervenants : Le professeur JAQUART, le chercheur Henry LABORIT, le philosophe Bernard Henry LEVY et Michel ONFRET, le chirurgien Bernard DEBRE, le prêtre ouvrier Père GILBERT, le neurobiologiste Jean pierre CHANGEUX, le physicien Hubert RIVES, Michel SERRES, l’ancien homme politique Jacques DELORS, madame VEIL, le biologiste Didier VINCENT et beaucoup d’autres.
L’entrée était ouverte à tous et il ne faisait pas de doute que les discussions ne pourraient être que fascinantes. Mais en réalité ce n’était pas pour cela que cette réunion m’intéressait. Pour la première fois dans notre vie sociale se trouvaient réunis les plus grands penseurs et chercheurs. Sans doute avaient-ils des choses importantes à dire et ce fut le cas. J’y restais les deux jours, du matin au soir, et pas un instant le contenu des interventions comme les questions ne baissèrent de qualité. Il fut aisé d’ailleurs de constater qu’il y avait de vrais problèmes de financement et pas que de cela. Il manquait de réelles concertations et de réflexions sur la recherche fondamentale entre les chercheurs et le pouvoir politique.
Mais j’avais concocté un plan très particulier car en vérité ce que je voulais c’était de pouvoir entrer en contact avec le plus d’intellectuels possibles et ce fut l’endroit idéal car en plus de la qualité des intervenants, beaucoup des visiteurs furent des scientifiques, des intellectuels, des hommes politiques de tous bords, des syndicalistes. C’était le public idéal. Mais il m’a fallut être très ingénieux pour utiliser cette foule et faire passer le message que je souhaitais. J’avais préparé des flayers avec un coupon réponse. Il n’y avait plus qu’à choisir le bon moment et ne pas me rater.
En réalité, je m’étais mis d’accord avec l’animateur du colloque pour intervenir, après lui avoir fait part du contenu du message, et finalement l’idée lui plaisait assez. Ce ne fut pas très long et l’idée n’était pas de créer la discussion mais d’expliquer le projet que je nourrissais depuis des années : créer un lieu d’échange de haut niveau, dégagé des contraintes et des combats économiques, politiques et de pouvoir. Ce lieu ne devrait être qu’un endroit ou l’on parle et ou on échange mais également ou on vérifie qu’il n’y a pas de dérapage grave entre les fondements de notre culture et les pressions politiciennes.
Cette présentation pris 30 minutes, mais la salle resta glacée. Il fallut tout d’abord leur présenter le projet, sans les effrayer alors qu’ils ne me connaissaient pas du tout. La présentation fut d’autant plus brève que chacun pouvait repartir avec le document de présentation sur lequel on trouvait un site internet www.utopia2040.com. Evidemment, ma prestation n’avait pas la prétention de soulever les foules, ni provoquer les applaudissements. Et bien ce fut le cas. Mais la graine était plantée. D’autant que cette première rencontre n’avait pas d’autres buts que de tester l’idée d’un regroupement de personnes, suffisamment distanciées pour s’emparer de sujets difficiles ou tabous et les traiter, les disséquer. La suite des événements nous prouvera que l’idée était bien passée.


« Pour en revenir à cette réunion, je demandai au responsable d’intervenir. Réticent, il me demanda le contenu de mon propos. Je lui indiquais que je souhaitais inviter l’ensemble des présents à une réunion d’information, concernant la mise en place d’un groupe de personnes qui aurait pour mission de réfléchir aux évènements du monde de façon totalement libre. Il me donna son accord et voici donc le discours qui leur fut proposé » :
« Mesdames et messieurs, je voudrais en premier lieu vous féliciter de la tenue de vos travaux. J’ai toujours pensé qu’il fallait intellectualiser les concepts pour s’élever et poser sur les choses et les évènements un regard décalé, distancié. Le sujet de votre conférence n’était pas facile, (le cancer) mais vous avez su élargir les propos et accepter les différences. Dans le cadre d’une grande réflexion sur notre société, sur la démocratie, sur la gouvernance et sur l’art de la politique perdu dans les méandres égocentriques des politicards actuels, j’aimerais vous inviter à une grande réunion dont le thème principal serait le suivant : êtes vous d’accord pour dire que notre constitution, issue de la révolution de 1789, a mit l’homme au centre de ses préoccupations.
Dans le cadre de ce thème ; il me semble également possible de parler de ses mots qui ornent les frontons de nos mairies, c’est à dire Liberté, Egalité. Fraternité. Sans vouloir orienter vos réflexions, il me semble possible d’indiquer quelques pistes : La liberté en question est elle celle de s’opposer, de s’affranchir des structures, de choisir une autre route que celle tracée par la bien pensance, de dire non au pouvoir, de refuser la voie tracée par la société ? de quelle égalité parlons nous ? de l’illusion soviétique, de la schizophrénie américaine, de la pauvreté de certains dans notre propre pays, de la différence qu’il y a à naître dans une famille bourgeoise de Chantilly par rapport à une famille d’immigrés de Saint Denis ? Quand à la fraternité, est-elle celle de la religiosité et du massacre de la saint Barthélemy, des bombes humaines de Bagdad, du génocide du Darfour, des français morts de froid dans les rues de l’hiver 2007 ?
Nous aurons à digresser, à analyser, à affronter nos contradictions et parfois notre culpabilité. En fin de compte, nous devons comprendre le sens des mots et leur place dans un monde perdu. En vérité, ne faut-il pas redonner du sens à tout cela ?
Merci de m’avoir écouté. Vous trouverez une fiche à remplir afin que vous receviez une invitation pour notre prochaine rencontre.
Gilles DE VECHTER repris son monologue : « Je rentrai chez moi et assis en buvant un café, je me dis que l’heure de la révolution était enfin venue. Puis, je me remis à l’ordinateur, et je préparais le document de synthèse. Il ne me restait plus qu’à trouver une grande salle, l’hémicycle des députés par exemple ».
« Deux mois passèrent jusqu’à ce jour du mois de mai, jour à marquer d’une pierre blanche. Il s’agissait de convaincre 200 personnes, tous âgés de plus de 60 ans, prêts à se confronter : d’anciens savants, biologistes et chirurgiens, d’anciens hommes politiques de toutes couleurs, des philosophes des psychologues, des mathématiciens, des professeurs d’universités, des neurologues. Une seule condition fut ordonnée, celle que chaque personne n’ait plus d’intérêt dans quelques domaines que ce soit. On vit entrer des têtes couronnées, Monsieur ROCARD, d’ailleurs échaudé d’avoir participé à des travaux de commissions en 2007, Monsieur DELORS, Monsieur BADINTER, Madame Simone VEIL, le professeur JACQUART mais également Monsieur CHIRAC, et quelques dizaines d’autres…
« Le discours d’accueil était important, et même s’il devait être court il ne pouvait pas ne pas être délivré solennellement. Il était si important qu’après coup, tout le monde s’est rendu compte que cette histoire aurait pu se terminer la, sans autre forme de procès. Gilles se leva et alla chercher une vieille lettre, la déclaration d’intention qui disait ceci » :

« Madame, Messieurs,
Je me suis permis de provoquer cette rencontre après avoir beaucoup réfléchi et mesuré l’outrecuidance de la situation. Je ne suis rien comparé à vous, mais mon enthousiasme a aboli les angoisses et les craintes de cette rencontre.. Je ne suis qu’un citoyen comme un autre, sans doute un peu marginal, mais avec un regard critique sur le monde et le fonctionnement politique de notre pays. Non pas en pensant que je pourrais y faire quelque chose individuellement mais en tout cas en souhaitant participer à un travail de réflexion sur l’avenir de notre monde.
Je ne crois plus que les hommes politiques contemporains soient capables d’avoir la distance et les capacités intellectuelles pour gérer un pays. La France est comme un bateau ivre, sans capitaine, sans objectif, sans itinéraire. On pourrait rêver de gouverner comme le faisait Platon ou Plutarque mais de toute évidence ce ne sera plus le cas. Et puis, est arrivé ce jour extraordinaire ou tous réunis, vous m’avez indiqué la route : créer un collectif de sages, composé de scientifiques, de politiques, de citoyen, dont la mission pourrait être de discuter de tout, sans être attaché à des actions professionnelles qui pourraient interférer, en ayant suffisamment de recul pour ne plus avoir la tête dans le guidon.
Je ne souhaite pas vous raconter des histoires et vous laisser dans le flou. Si nous réussissons cette opération, il nous faudra assumer nos travaux et nos conclusions.
Je vous souhaite à tous la bienvenue, et vous confirme que pour vous, l’entrée et la sortie de ce groupe de travail se fera en toute liberté, sans autre forme de procès. Le premier travail de ce colloque sera de structurer notre fonctionnement et de vous donner le premier thème des travaux du mois ».
Fin de la présentation
La journée se termina tranquillement et Hubert commençai à mieux appréhender son hôte. En même temps, il entrevoyait l’importance de son travail et finalement il remercia intérieurement son patron de l’avoir envoyé dans le Sud. Ce soir, Gilles avait invité plusieurs de ses amis, dont un couple avec un enfant. C’était intéressant car Gilles, lui, n’avait pas voulu en faire des enfants, enfin pas tout de suite. Liberté, liberté, disait-il car il pensait que la présence d’un enfant posait des problèmes. Pour ça aussi, les choses avaient beaucoup évolué.

Il faut se souvenir que les années 1990 avaient vu apparaître une double problématique, celle des couples qui ne tenaient plus et celle de la difficulté de plus en plus grande d’avoir un enfant naturellement. Les couples qui se séparaient posaient le problème de la place des enfants, mais finalement ce n’était qu’une posture de plus qui évoluait au fil des années. Ce qui avait posé question c’était l’idée morale du mari, de la femme, de la mère et du père, de la nécessité et du respect de la famille face à l’évolution des mœurs, la libération de la femme et son pouvoir de dire non, de travailler, de quitter un foyer qui ne la satisfaisait pas.
Une fois que les hommes avaient compris que chaque chose n’avait de sens qu’en fonction du moment, du lieu, de la nécessité, le monde avait pu évoluer plus calmement, même si l’angoisse du changement (angoisse de la mort disait Freud), continuait de produire du stress. Par ailleurs, et contrairement à ce que pensait les sociologues des années 2000, l’évolution de la place des femmes n’avait pas eu que des résultats intéressants, surtout pour les hommes. Les conséquences imprévisibles furent de changer les relations hommes et femmes, de rendre plus difficile les rencontres, de rendre les hommes moins fertiles, de rendre les femmes plus résistantes à la spontanéité des rencontres. Les villes et leurs tendances à l’individualisation rendaient les gens réfractaires à la rencontre. D’ailleurs, il était plus facile de se rencontrer sur Internet que d’aborder quelqu’un dans la rue.
Pour ce qui concerne les naissances, la encore les choses avaient changé au fur et à mesure du temps, sans que vraiment on ne s’en rendit compte. Au début des années 2000, le nombre de femme qui utilisait la procréation assistée était de plusieurs millions. En dehors du fait de choisir exactement le moment de faire des gosses, ces femmes étaient parfaitement suivies et les enfants, de l’état d’embryon à celui de bébé également. Dans les années 2020, il n’y avait plus en France de mort d’enfant et beaucoup moins de handicapés. La médecine permettait de décelait toutes les maladies, y compris celles liées à l’hérédité. La biologie et la génétique permettaient également de supprimer tous les risques, puisque l’on pouvait toucher à la cellule et traiter les maladies existantes ou à venir.
Enfin, pour continuer sur ce thème, les naissances étaient limitées du fait du peu de mortalité infantile. L’évolution selon Darwin, c’est à dire la nécessité à s’adapter pour permettre la survie de l’espèce, avait amené les humains à déconnecter complètement l’idée se procréation et celles d’actes sexuels. On ne laissait plus au hasard le pouvoir de faire des enfants, et l’idée d’amour avait laissé la place à la survie de l’espèce. Moins il y avait de mortalité humaine et moins il y avait besoin de remplaçant. La philosophie et la science avaient compris que l’on ne pourrait indéfiniment peupler la terre sans qu’il y ait à un moment donné un trop plein d’humains amenant une pénurie alimentaire insupportable.
En revanche, les gestes d’amour et les activités sexuelles perduraient, tout en s’amenuisant car, toujours sur le principe de la nécessité, du moment que cela ne servait plus à faire des enfants, le plaisir n’était pas assez fondamental pour perdre autant d’énergie. Ce qui ne sert pas disparaît.
La soirée fut très animée et le repas préparé par Gilles très bon, d’autant que dans les années 2040, plus personne ne fait la cuisine.
sommaire

Juillet 2011. Deuxième assemblée

La nuit fut courte et le réveil trop tôt. En réalité, Gilles avait décidé de changer de lieu, et la journée était dévolue au voyage. D’Aigues Morte, nous partions vers Sète ou nous devions passer quelques jours. La vie à l’ancienne sur les canaux est vraiment excellente. La tranquillité et le calme, le soleil et le flop flop du bateau ne pouvaient que me permettre l’accès à un univers que je ne connaissais pas.
Le premier arrêt fut à Palavas les flots. Super village sympa. Gilles me proposa d’aller manger un morceau dans un petit restaurant qu’il connaissait, le long du canal des pécheurs. Il me proposa une friture de petits poissons, péchés le matin même, arrosée d’un petit blanc du pays. Le soleil du mois de mai était doux mais nous réchauffait. Il est possible que le petit blanc ne soit pas étranger à l’ambiance presque estivale. Quelques bateaux de touristes anglais jouaient aux auto-tamponneuses, peu habitués à la conduite de ces bateaux sans permis.
Il était trop tôt dans la saison pour s’arrêter au bord de plage, et c’était dommage avait dit Gilles. Nous naviguions entre les étangs et la mer méditerranée, et cela donnait l’impression de glisser sur un océan immense. Nous croisions de temps en temps des pécheurs, sur leurs petits bateaux, filant à toute allure, toujours pressés de rentrer chez eux ou de sortir vers leurs paniers ou leurs filets tendus. Nous avons navigué jusqu’à Frontignan, arrêté par le pont levant SNCF qui bien sur était fermé. 1 heure d’attente. On en profita pour aller faire les courses à la superette du village. Ce soir on devait dormir à Sète. A 7 heures du soir, on arrivé sur l’étang de Thau et une demi heure après on passait sous le pont métallique du port de Sète. Le temps de s’amarrer, et finalement Gilles me proposa une visite du port et un repas dans un restaurant spécialisé dans la bouillabaisse. A 8 h 30 on avait mis les pieds sous la table, et la soupière fumante arriva sur la table, accompagnée de croutons aillés, de fromage râpé et de la célèbre rouille. On s’en mit « plein la lampe » comme disait Gilles. Il avait prévu que le lendemain nous partions visiter la ville. Mais avant, du travail nous attendait. On rapatria le bateau. L’inévitable infusion arriva rapidement. Nous nous installâmes dans nos fauteuils respectifs, le magnétophone posé sur la table et l’histoire se poursuivit :
« La deuxième réunion était particulière, puisque finalement elle était la première officielle. Tous ceux que j’avais rencontré lors de cette grande réunion avait reçu une invitation ainsi que beaucoup d’autres absents de la réunion mais intéressants du fait de leurs parcours et de leur engagement social. En fait, il y avait plus de 145 personnes présentes. J’avais fait appel à d’autres personnages, tels Léo FERRE, Georges BRASSENS, Jean FERRAT, des acteurs, d’autres scientifiques, philosophes et écrivains. Heureusement, je m’étais fait prêter une salle, en région parisienne, qui pouvait contenir 300 personnes.
Je m’étais préparé à une assemblée difficile mais finalement tous ces gens étaient bien élevés. A quatorze heures précise, je montais sur le podium et je commençai mon discours :
Mesdames, messieurs,
J’aimerais vous présenter le projet que j’ai mis en place après notre rencontre il y a deux mois. Il s’agit de regrouper des citoyens pour réfléchir sur tout ce qui touche à l’humain, bien entendu sur le social, mais tout autant sur l’évolution, sur le travail, sur la gouvernance, sur la liberté, la démocratie. L’idée n’est pas de faire de la politique partisane ni même d’imaginer un groupe d’opposition, mais bien de vous réunir, vous qui avez une certaine expérience intellectuelle. Nous avons beaucoup à dire, enfin, vous avez beaucoup à dire et à échanger.
Pour la première réunion du mois de juillet, je voudrais que vous réfléchissiez sur le thème suivant : Quelle nécessité pour l’être humain de vivre en commun ? Vous trouverez en sortant un texte qui devrait vous permettre d’aller plus loin sur le sujet. En attendant, pour ce jour, j’aimerais vous proposer une façon de gérer les discussions ainsi que la manière de structurer notre groupe.
Premièrement, notre groupe ne devrait pas dépasser 100 personnes, qui se réuniront une fois tous les deux mois dans un bâtiment assez vaste et possédant du matériel de sonorisation et d’enregistrement. Ces 100 personnes ne sont pas choisies ni élues. Ce seront les 100 premières sur la liste d’inscription. Au fur et à mesure des départs, les suivants de la liste prendront leurs places. Par ailleurs, à notre prochaine réunion, vous choisirez 20 personnes dans la liste des 100 afin de créer une représentation du conseil qui sera chargé de travailler sur vos opinions que vous nous renverrez. En effet, à chacun de nos travaux, je vous donnerai un thème particulier sur lequel vous réfléchirez et sur lequel vous transcrirez vos idées. Ensuite, lors de la réunion suivante nous débattrons du même sujet et à la fin nous en ferons un compte rendu final. Par ailleurs vous aurez également à vous définir sur le choix d’un président de séance qui aura pour mission de gérer les interventions.
Il faut que vous compreniez qu’il ne s’agit pas de défendre des idées toutes faites. Vous serez sans doute tenté de vous opposer sur des opinions morales ou politiques, vous en tenant à ce que vous avez défendu tout au long de votre vie. Il vous faudra donc élargir vos points de vue, accepter que les questions n’appellent pas des réponses mais d’autres questions. Si nous parlons par exemple de la prison, il ne suffit pas de dire qu’il faut punir ceux qui le méritent. Encore faut-il savoir si on peut faire autrement, si le vol est inhérent à tout regroupement d’individus, si on peut penser à une société sans déviance, si il est nécessaire ou pas, pour toute société, d’accepter comme source d’équilibre la présence de marginaux ? (peut être pour souder entre eux les citoyens contre quelque chose qui peut devenir bouc émissaire).
Vous avez compris l’idée. Il nous faudra sans doute un peu de temps pour nous organiser et dépasser nos résistances. Mais, nous avons tout le temps. Et par ailleurs, nous n’avons pas d’obligation de réussite. Si notre expérience devait cesser, cela n’aurait aucune incidence. Pour cette première phase je vous demanderais de nous envoyez votre avis sur notre mode de fonctionnement.
Voici le thème de l’assemblée prochaine : Lorsque les premiers hommes vivaient dans des cavernes, la loi était celle du ou des plus forts. Ceux-ci avaient tout, le pouvoir, les femmes, les meilleurs morceaux de viandes à manger. Il n’y avait pas de règles, et quant on voulait quelque chose on le prenait, du moment qu’on en avait le courage et la force. Cela a duré de longs siècles, selon les chercheurs, jusqu’à qu’apparaissent les sorciers, les druides, les prêtres, enfin ceux qui avaient compris que faire les intermédiaires entre les humains et les éléments dangereux et inexpliqués était intéressant.
Après des siècles d’évolution, lorsque les humains nomades ont commencé à parquer des bêtes, car ainsi il était plus facile de passer les rudes hivers, il a fallut gérer les stocks et sans doute a t-il fallut compter, vérifier, punir les voleurs qui n’avaient rien. Pour nourrir les bêtes et les hommes, même si la chasse était encore un moyen utilisé, on inventa l’agriculture, c'est-à-dire recueillir des graines et les replanter. Bien entendu, longtemps encore ou a cueilli des fruits, des racines, des légumes sauvages. On a inventé la famille, marié les uns d’une tribu avec d’autres d’une autre, car sans doute, les peuples se sont rendu compte, d’une façon expérimentale, que la consanguinité était mauvaise. Toujours est-il que le regroupement des gens a amené la naissance des tribus, puis des regroupements de tentes ou de petites structures, des villages jusqu’à aujourd’hui nos villes et mégalopoles. Qui le premier a écrit les règles ? Les égyptiens, les arabes, les grecs ou d’autres peuplades encore plus anciennes ?
En tout cas, cette nécessité de se regrouper (appelé instinct grégaire chez les animaux), est aussi présent chez les hommes. Sauf que, dès que l’on rassemble des gens, les problèmes naissent à foison. De la, l’obligation sans doute de structurer l’existence commune, pour que cette promiscuité puisse être acceptable aux risques sinon de conflits violents, empêchant l’harmonie entre tous. Qu’est ce qui pourrait faire que des hommes et des femmes vivent ensemble en paix ?
Les grecs ont sans doute été les précurseurs philosophes et politiques de la gestion « démocratique » des citoyens. On se doute bien que l’application de la république n’avait pas tout a fait le même sens que celui des révolutionnaires de 1789. Les gaulois (5 siècles avant Jésus Christ), les romains (moins 27 avant Jésus Christ), le moyen âge ou époque médiévale (150 après Jésus Christ), la renaissance (à partir de 14 ième siècles), le siècle des lumières (1688) jusqu’à la révolution, la vie en société s’est organisée selon les évolutions humaines, partagée entre les guerres, les différences sociales, le commerce, les maladies, les pouvoirs royaux puis l’éclosion des pensées philosophiques.
Quelles différences y a-t-il entre l’époque moyenâgeuse et la notre en ce qui concerne la gestion du peuple ? Comme aujourd’hui, il y avait des riches (les commerçants, les princes, les rois, les banquiers), des artisans (qui inventaient les outils et les matériaux servants à créer des marchandises), des paysans qui cultivaient la terre et produisaient de quoi nourrir tout le monde (les puissants se servant en premier bien entendu), des prisonniers ou des esclaves qui faisaient les travaux les plus durs ( que l’on appelait travaux forcés), des hommes politiques qui géraient avec le roi les taxes et autres impôts et enfin les religieux toujours bien placés, garant de l’ordre et de la morale. Alors, quels éléments différencient une époque d’une autre ? Comment en est-on arrivé à ce moment précis de l’histoire humaine ou tout est différent et pourtant si semblable ? Réfléchissez. Ce sera notre première grande réflexion.
Je vous remercie de votre présence et vous donne rendez vous au mois de septembre. Vous recevrez une invitation. Ceux qui savent ne pas être intéressés par nos travaux nous le dirons afin que les suivants puissent entrer dans le groupe.
« Inutile de dire combien j’étais heureux et satisfait de la tournure prise par les évènements. Rien n’avait été dit mais tout avait été dit. La joie et l’espoir me submergeaient. Il ne restait plus qu’à attendre les réponses.
Gilles arrêta de parler. Il avait l’air heureux de se remémorer toute cette histoire. Il était plus de 23 heures et la pénombre nous plaçait dans un environnement un peu féérique. Dehors, les oiseaux de nuit bruissaient doucement, comme pour ne pas se faire remarquer. Alors on décida d’aller se coucher. Demain il fera jour et notre voyage initiatique, enfin le mien de voyage initiatique, venait de commencer. Je ne savais pas que ma vie allait changer à ce point.
sommaire

Septembre 2011 : Troisième assemblée
Gilles me proposa de rester la journée sur Sète, de laisser le bateau et de partir faire le tour de l’étang à vélo. Il y avait plus de 20 kilomètres à parcourir et je n’étais pas sur de pouvoir faire ca. Alors il me proposa d’aller faire un tour sur le Mont saint Clair le matin, déjeuner sur le bateau et d’aller finir la journée sur la plage. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous traversâmes la ville et il nous fallu plus de 2 heures pour grimper la haut. En revanche quelle vue ! Tout au loin, le bleu de l’étang se confondait avec celui de la méditerranée. Véritable mer intérieure, l’étang de Thau n’est séparé de la méditerranée que par un fin cordon de sable, le lido. Les piquets des parcs à huitres faisaient comme des ombres, comme des filets tendus entre ciel et mer. Demain nous serons à Bouzigues pour déguster des huitres et des moules en attendant de passer la nuit sur le port de Marseillan qui abrite les chais réputés de Noilly Prat.
Finalement, on rentra en forme et on se décida pour partir tout de suite faire un tour sur la plage. Avec ses 12 km de plage de sable fin, Sète est un des derniers lieux avec du sable. Cette plage se situe sur une bande sableuse de 500 m à 1,5 km de large, le lido, qui sépare la mer méditerranée de l’étang de Thau. Ce cordon littoral est principalement composé d’anciens salins et de vigne. Il était 14h15 et notre choix s’arrêta sur le restaurant « La voile rouge » sur la plage des trois digues ou on s’attabla devant une énorme salade composée. Gilles me raconta que cette plage avait pour lui des odeurs d’enfance, car il était venu camper la avec ses parents. Puis, par la suite, il était revenu souvent car il naviguait sur des péniches entre Toulouse et Sète. Il me raconta une belle et brève histoire d’amour entre lui et une magnifique italienne, avec des yeux clair, une chevelure blond vénitien. Une passion folle les unis pour quelques jours. Il n’avait jamais oublié Monica.
Vers 15 heures, ils rentrèrent vers le bateau, sans se presser, profitant du temps doux et clément pour visiter le port de pêche. Il avait beaucoup changé en 20 ans. C’est toujours la région Languedoc-Roussillon qui gère seule le port à travers un établissement public régional dénommé Sète Port Sud de France. Le port de Sète était au 11e rang des ports français en 2005 et il continue encore aujourd’hui de disposer d’un trafic important de ferrys avec les pays d'Afrique du Nord. Il est resté le premier port de pêche français en Méditerranée car le poisson, mieux géré en 2040 qu’en 2011 est devenu une source alimentaire de premier ordre. La visite du port dura jusqu’à 19 heures, mais on s’arrêta quand même pour prendre l’apéro.
A 20 heures on était au bateau. Gilles réchauffa deux portions de paella, qu’il avait acheté la vieille, et une fois de plus, vers 23 heures, on s’installa devant la table, le magnétophone posé sur celle-ci, et la théière remplie d’une infusion de verveine. Gilles s’installa dans son fauteuil habituel, se calla le dos et de sa voix ferme et rauque, il reprit son récit :
« Cette fois ci, l’histoire était lancée. Mais après tout, cette troisième assemblée était la plus terrible, car il pouvait n’y avoir personne. Bien entendu, beaucoup avaient répondu au texte, avec beaucoup de sérieux même, mais allaient-ils venir se confronter les uns aux autres et prendre le risque de se retrouver dans des discussions, des échanges, des remises en cause importantes. Pas sur !
A 14 heures précises, je montais sur l’estrade, pendant que les participants finissaient de s’installer. Ils étaient 112. C’était inespéré. Une espèce d’allégresse m’envahit. Il fallut me concentrer, mais j’y arrivais. Mon texte disait ceci :


Bonjour à tous,
Je vous remercie d’être si nombreux mais, plus que tout, d’avoir répondu aux questions posées. Cela nous a permis de faire le point et de faire un compte rendu le plus juste possible des retours :

1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   13

similaire:

La VI ième république Française iconBouillante a monsieur le Président de la République Française Palais...
«Bouillante 3», à environ 400 m à vol d’oiseau des usines «Bouillante 1» et «Bouillante 2», déjà existants, enclaverait le centre...

La VI ième république Française iconRapport au president de la république

La VI ième république Française iconRepublique algerienne democratique et populaire

La VI ième république Française iconRepublique algerienne democratique et populaire

La VI ième république Française iconRepublique algerienne democratique et populaire

La VI ième république Française iconRepublique algerienne democratique et populaire

La VI ième république Française iconRepublique algerienne democratique et populaire

La VI ième république Française iconRépublique Algérienne Démocratique et Populaire

La VI ième république Française iconRepublique du cameroun paix – Travail – Patrie

La VI ième république Française iconSyndicat des Pharmaciens du Gabon (sypharga) République Gabonaise








Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
b.21-bal.com