III. DESCRIPTION DU PROGRAMME 3.1. Intitulé du programme
Le programme est intitulé Programme de Gestion Décentralisée des Forêts Phase II et met en exergue les nouvelles orientations et approches de mise en œuvre adoptées.. Il met en outre l’accent sur la création de capacités dans un cadre institutionnel décentralisé pour une mise en œuvre efficace de programme visant à combattre la désertification, la déforestation, la dégradation des forêts et des sols et la perte de biodiversité, tout en soutenant les moyens de subsistance des populations et la réduction de la pauvreté. Il faut par ailleurs noter que malgré l’absence de transfert de compétences et de ressources liées, de nombreuses responsabilités en matière de gestion forestière ont déjà été confiées aux institutions et aux communautés régionales et locales. Ainsi, un des rôles de base du Service forestier national est désormais donc de stimuler les capacités décentralisées pour la planification et la gestion des ressources forestières. Ces approches ont permis d’encourager la population locale à consacrer du temps et de l’énergie à la mise en valeur, la protection et la restauration des ressources forestières. D’autres incitations ont été fournies par les projets et programmes financés par la coopération bilatérale et multilatérale avec de nombreux pays.
3.2. Orientations stratégiques et domaines d’intervention du programme 3.2.1 Orientations stratégiques Globalement, les choix stratégiques adoptés pour la conception du Programme GEDEFOR II reposent principalement sur la consolidation /capitalisation des acquis des phases précédentes, la promotion du développement local intégrant la valorisation économique du potentiel de ressources forestières de façon durable, le développement des capacités locales investies de responsabilités de partage des acquis du programme.
Ainsi, sur la base de l’analyse du contexte de développement qui précède, les objectifs, résultats et activités du Programme GEDEFOR II s’articulent autour des orientations stratégiques suivantes :
Le renforcement des capacités et compétences des communes d’intervention (décentralisation), des organisations communautaires de bases, et du Service des Eaux et Forêts (déconcentration)
la gestion durable des forêts qui garantit leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité de satisfaire, actuellement et pour l’avenir, les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes aux niveaux local, régional et national sans causer de préjudices à d’autres écosystèmes,
la valorisation du patrimoine forestier, notamment la ressource forestière en bois, tout en pérennisant et en assurant la multifonctionnalité des forêts, une attention particulière est accordée à la préservation de la biodiversité et des habitats, la qualité des sols et de l’eau, la protection contre les risques naturels, et la conservation de la qualité des paysages et des richesses culturelles,
l’amélioration des conditions de vie, de sécurité alimentaire et de création de revenus pour les populations tributaires de l’exploitation des forêts,
le renforcement des institutions communautaires rurales et l’amplification du dialogue social,
l’élimination de toutes les formes de discrimination dans le secteur forestier la protection des forêts et l’identification des moyens d’étendre la production agricole, conformément à la réglementation en vigueur,
l’adoption d’une approche intégrée conciliant sécurité alimentaire et nutrition afin que les politiques sectorielles pertinentes, y compris celles sur l’agriculture, les forêts impliquent toutes les parties prenantes dans leur formulation, leur application et leur surveillance,
la promotion de la recherche qui appuie l’utilisation durable d’espèces végétales forestières pour améliorer les rendements et augmenter la viabilité de la production alimentaire,
l’établissement de plateformes transparentes et inclusives pour la diffusion et l’échange des connaissances et des expériences et sensibiliser l’opinion publique à l’importance des PFNL et des services éco-systémiques forestiers, à la situation socioéconomique des populations tributaires des forêts, et au rôle des forêts et des arbres dans la sécurité alimentaire et la nutrition, en mettant fortement l’accent sur la fiabilité des données.
3.2.2. Objectifs, effets et hypothèses principales du programme
L’objectif global assigné au Programme GEDEFOR II est de contribuer de façon intégrée à la gestion décentralisée des ressources forestières dans le cadre du développement local et à l’augmentation des revenus des populations rurales défavorisées (hommes et femmes) en vue d´assurer la durabilité de ces ressources dans un contexte de changement climatique dans les régions de Kayes et de Koulikoro en République du Mali. Cet objectif peut se traduire en deux objectifs plus opérationnels, mesurables de même poids,
La durabilité des ressources forestières dans le cadre du développement local
L’augmentation des revenus des populations rurales défavorisées (hommes et femmes)
Le Programme comprend quatre composantes majeures et deux axes transversaux d’intervention notamment le Genre et le VIH/SIDA et les changements climatiques. Les quatre composantes sont les suivantes :
Composante 1 : Décentralisation et Déconcentration de la gestion des ressources forestières;
Composante 2 : Résilience pour l’amélioration de la Sécurité alimentaire durable des ménages ;
Composante 3 : Mobilisation sociale et renforcement des capacités des acteurs ;
Composante 4 : Gestion du programme.
Il est prévu que les activités mises en œuvre par ces quatre composantes vont aboutir à 11 effets qui contribueront à l’atteinte des objectifs globaux à condition qu’un certain nombre d’hypothèses soient réalisées. Le tableau suivant présente en résumé les objectifs globaux, les hypothèses et les effets. Les quatre composantes et leurs activités principales sont présentées dans la section 3.3, tandis que les hypothèses et les risques associés aux hypothèses seront analysés dans la section 3.8.10.
OBJECTIFS, EFFETS ET HYPOTHÈSES DU PROGRAMME
Le renforcement des capacités des organisations locales et des acteurs clés par les prestataires de services est d’une qualité satisfaisante Le programme achève la commercialisation viable des produits forestiers de haute valeur, notamment le beurre de karité L’instabilité des conseils communaux qui peut être causée par des élections locales Le financement par le système bancaire est disponible pour les coopératives dans les zones d’intervention du programme Comp.4.2: La planification et la gestion du programme est bien organisée Comp. 4.1: Les réformes institutionnelles sont mises en œuvre conformément aux novelles orientations Comp. 3.3: Les populations ont pris conscience des enjeux d’une bonne gestion des ressources forestières Comp. 3.2: Les capacités des organisations, des leaders et des élus renforcées Comp. 3.1: Les structures impliquées disposent des capacités nécessaires pour accompagner la mise en œuvre du programme. Comp. 2.2: Les populations disposent de revenus supplémentaires tirés d’activités alternatives de lutte contre l’insécurité alimentaire Comp 2.1: Les ressources forestières ligneuses et non-ligneuses valorisées apportent des revenues de façon durable aux populations Comp. 1.4: Le secteur forestier est mieux outillé pour conduire l’appui budgétaire sectoriel Comp. 1.3: Des mécanismes facilitant l’amélioration de la production et de la productivité des forêts naturelles tenant compte des questions transversales sont localement connus. Comp. 1.2: Les organisations socioprofessionnelles et les structures décentralisées renforcent leur contrôle social et de l’accès aux ressources forestières La durabilité des ressources forestières dans le cadre du développement local L’augmentation des revenus des populations rurales défavorisées (hommes et femmes) Effets prévus Hypothèses Objectifs globaux
Comp. 1.1: Les acteurs forestiers ont mis en œuvre des instruments de la gestion rationnelle des forêts
La paix continuera dans le pays
Les procédures de gestion administratives, financières et comptables seront simplifiées L’état a mis en œuvre la révision des procédures en gestion financière, assistance et passation de marché 3.3 Composantes du Programme
3.3.1 Composante 1 : Décentralisation2 et Déconcentration3 de la gestion des ressources forestières.
Elle vise à améliorer les performances, les savoirs et savoir-faire des communes, des organisations communautaires de base, du Service des Eaux et Forêts ainsi que tous les acteurs/actrices des filières bois et produits non ligneux de manière significative (conservation, aménagement et exploitation des ressources) en matière de gestion décentralisée et durable des ressources forestières ligneuses, non ligneuses et fauniques et renforcer les bases de leur subsistance économique, sociale et culturelle. Cet objectif sera atteint à travers entre autres:
l’identification des rôles des organisations communautaires de base y compris les organisations professionnelles féminines ainsi que des communes dans la mise en œuvre des SAT, PAGS, programmes annuels des communes, l’élaboration et la mise en œuvre des plans forestiers communaux
le renforcement des capacités et des compétences des acteurs (communes, organisations communautaires de bases y compris les organisations professionnelles féminines, ONGs, pour un transfert effectif des compétences et des ressources ;
la préparation des acteurs locaux dans le cadre du transfert de compétences en matière de gestion des ressources forestières ;
la promotion de la gouvernance locale des ressources forestières ;
le renforcement des capacités des agents de la DNEF
la mise en œuvre des SAT et des Plans d’Aménagement et de Gestion Simplifiée ;
la mise en œuvre de la stratégie pour un contrôle forestier efficace,
la recherche – action,
la conduite du secteur forestier à l’appui budgétaire sectoriel ;
3.3.2 Composante 2 : Résilience pour l’amélioration de la Sécurité alimentaire durable des ménages Elle vise le développement de micro-entreprises de valorisation des produits forestiers non ligneux et d’activités génératrices de revenus.
L’objectif de cette composante sera atteint à travers entre autres:
la facilitation de l’accès des femmes aux intrants et équipements pour la collecte, le transport, la conservation, la transformation et la commercialisation des produits forestiers non ligneux;
l’appui au développement de l’entreprenariat féminin dans les filières porteuses de produits forestiers non ligneux identifiés
la construction d’ouvrages (puits pastoraux, parc de vaccination, forages, aires d’abattage)
le renforcement de la capacité des femmes sur les itinéraires techniques de production des cultures maraîchères, les activités avicoles, la transformation des produits apicoles ;
l’appui à la mise en place de vergers villageois, d’éco fermes,
3.3.3 Composante 3 : Mobilisation sociale et renforcement des capacités des acteurs4 Elle vise à promouvoir les performances organisationnelles et techniques des acteurs et actrices (communes, organisations communautaires de base, services techniques, ONGs) en vue de la durabilité des actions sur le terrain à travers :
l’appui institutionnel et organisationnel appui à la mise en place et au fonctionnement des cadres de concertation par les acteurs relatifs à a la mise en œuvre à l’équité genre ;
la poursuite des actions de suivi par les comités de suivi de la mise en place des SAT et PAGs (mis en place les autorités communales avec l’appui de GEDEFORI) ;
la diffusion des activités du Programme à travers différents canaux ;
la formation technique des organisations communautaires de base, les organisations professionnelles féminines ;
la formation des responsables et leaders des Organisations Professionnelles Féminines sur le mouvement associatif (textes et lois, gestion des ressources, rôles et responsabilités des membres), la problématique genre et gestion des ressources naturelles ;
le développement des échanges inter et intra communautaires.
3.3.4 Composante 4 : Gestion du programme Elle vise à assurer une gestion institutionnelle, administrative, technique et financière correcte du programme à travers entre autres :
la restructuration et le fonctionnement de l’UGP (organigramme) ;
le fonctionnement régulier des instances de gouvernance du Programme ;
la revue du manuel de procédures et autres documents de gestion ;
le renforcement des capacités en ressources humaines et matérielles ;
la planification opérationnelle du Programme ;
le suivi et évaluation des activités ;
l’amélioration de la communication interne et externe ;
la mise en place et fonctionnement des coordinations régionales et locales ;
l’appui à la participation aux missions statutaires ;
l’organisation des audits financiers ;
l’organisation de l’assistance technique ;
l’organisation des cadres de concertation ;
la préparation et l’organisation en début 2016 de l’évaluation interne et externe.
3.3.5 Axe transversal genre et VIH/SIDA La question la plus problématique de la gestion des forêts est celle de l'équité entre les hommes et les femmes. En effet, le processus de prise de décisions communautaire traditionnel qui caractérise la gestion communautaire des biens ne comporte pas de mécanisme institutionnel propre à répondre aux besoins et aux priorités des femmes liés à la gestion des forêts. Pourtant, conformément à la répartition classique des rôles et des responsabilités, fondée sur le sexe, ce sont traditionnellement les femmes qui «collectent» la majeure partie d'une vaste gamme de produits forestiers non ligneux, pour assurer la subsistance ou se procurer un revenu. Le fait que la gestion axée sur le bois d'œuvre et la gestion axée sur le bois de feu soient en conflit montre bien que les priorités de gestion des forêts ne sont pas les mêmes pour les hommes et pour les femmes.
Suivant la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes, les hommes sont chargés de procurer du bois pour la construction des maisons et la fabrication d'outils agricoles alors que les femmes doivent récolter du bois de feu pour les besoins du ménage. Toute décision de gestion comporte divers coûts et avantages et est susceptible d'avoir un impact différent pour les hommes et pour les femmes. Il ne fait donc aucun doute que les hommes comme les femmes doivent supporter des coûts d'opportunité pour remettre leurs forêts en état. Malheureusement, à l'heure actuelle, que ce soit dans le cadre d'un groupe de protection autonome ou d'un programme structuré de gestion des forêts, les femmes sont rarement consultées ou informées sur les options de gestion, bien que les coûts d'opportunité soient beaucoup plus élevés pour elles que pour leurs homologues masculins.
Dans le cadre de l’inversion de cette tendance le Programme GEDEFOR I a mené des appuis et a abouti aux résultats très appréciables ci après en terme d’équité genre : 99% des 2 645 bénéficiaires de la production du beurre de Karité sont des femmes ; 80% des 496 bénéficiaires de la production de plants sont des femmes ; 99% des 13 164 bénéficiaires des fonds crédit dans la zone GC sont des femmes ; 30 % des 330 membres des 30 comités de suivi de la mise en œuvre des SAT et PAGs sont les femmes; 12% des 490 membres des 35 comités de suivi et de surveillance de la mise en œuvre de la Convention locale de la Commune Rurale de Sanankoro- Djitoumou sont des femmes ; 96 % des 1.869 bénéficiaires du maraichage sont des femmes. 87% des 571 bénéficiaires de l'embouche sont des femmes; 35% des 966 bénéficiaires de l'Apiculture sont des femmes; 11 % des 45 agents forestiers communaux sont des femmes; 66% des 6 cadres de l'UGP-GEDEFOR sont des femmes. Cependant, le programme continuera à consolider cet acquis et le capitaliser dans le cadre des interventions de GEDEFOR II en lien avec la mise en œuvre de la stratégie genre élaborée lors de la première phase.
3.3.6 Axe transversal changements climatiques Les actions d’adaptation aux changements climatiques développées dans le cadre de la première phase ont prouvé à suffisance l’importance de prendre en compte cette dimension dans les activités du programme. Ainsi, lors de la première phase des initiatives ont été appuyées à savoir : 22 de maraichage sur une superficie 21,25 ha et d'un nombre de bénéficiaires de 2073 dont 1 989 femmes (96%) ; 4 initiatives pour l'embouche (3 ovines et 1 bovine) avec 568 bénéficiaires dont 495 femmes (87%) ; 59 initiatives pour l'apiculture avec 966 bénéficiaires dont 327 femmes (34%) ; 5 initiatives pour les vergers- caisse – retraite ; 16 initiatives pour la transformation du beurre de karité (3078 dont 3073 femmes soit 99,83%), 1 initiative pour l’herboristerie à Krounikoto (316 ha) ; 1 pour la restauration des zones dégradées (255 ha) à Neguéla.
En vue de mieux harmoniser les interventions sur le terrain, le Programme GEDEFOR
- a appuyé la mise en place du réseau des partenaires du Programme GEDEFOR (partenaires d’encadrement sur le terrain en majorité les ONGs) ;
- est en partenariat avec le Réso-climat (qui est un groupe d’ONGs nationales financées par la Suède pour mener les activités d’atténuation et d’adaptation relatives aux changements climatiques). Certaines ONGs du groupe ont été utilisées comme prestataires par le Programme GEDEFOR et d’autres sont en complémentarité avec GEDEFOR car bénéficiant du financement du même partenaire en l’occurrence la Suède.
3.3.7 Synergie avec d’autres projets-programmes similaires par la Suède et/ou par d’autres bailleurs Le programme cherche à établir des synergies et complémentarités avec tous les projets et programmes du portefeuille Asdi des ressources naturelles et changements climatiques au Mali. Le programme de développement durable du delta intérieur du Niger, également appuyé par l’Asdi et relevé de la DNEF, employe une approche semblable à celle du Programme GEDEFOR moyennant une diversification des sources de revenu des femmes pauvres des produits forestiers vers une production maraîchère. Dès son démarrage, le programme s’attellera à faire un état des lieux des différentes interventions afin de négocier des cadres de collaboration réciproquement bénéfiques. Le leadership de la Suède dans le domaine de l'environnement et changements climatiques sera mis à profit à cette fin. Il est également envisagé que le programme GEDEFOR II puisse profiter du partenariat entre l’Asdi et USAID/Mali que fournira des garanties financières à deux banques commerciales (Bank of Africa et BICIM) afin que ces banques puissent apporter une contribution en terme de crédit au secteur agricole. Ce programme devra être approuvé par les bailleurs avant la fin du mois de septembre 2014.
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