Université des Sciences et Technologies de Lille (Lille I)
EVOLUTION DU SYSTEME DE STRATIFICATION SOCIALE ET SUCCESSION DES COHORTES
Grandeur et décadence des générations
dans la société française des Trente glorieuses a nos jours
Thèse
pour le Doctorat de sociologie
présentée par
Louis CHAUVEL
Directeur de recherche :
le Professeur Michel Forsé Décembre 1997
Pour toutes les
Générations
A venir
Remerciements :
Que disait Shi Nai-An ? « L’homme qui, à trente ans, ne s’est pas marié, doit abandonner l’idée de prendre femme ; qui, à quarante ans, n’a pas de charge officielle, doit renoncer à faire carrière ; à cinquante ans, qu’il ne songe plus à s’établir ; à soixante, qu’il ne parte plus en voyage. Pourquoi pareils propos ? C’est que faute d’avoir saisi le moment opportun, le temps de certaines entreprises se trouve révolu. » Non, ce n’est pas ce passage : la question est un peu plus loin. Que nous disait-il aussi ?
Voilà : « Comme tous mes amis sans exception sont des êtres de grand talent et de vaste intelligence, les conceptions qu’ils expriment seraient profitables à tout le monde ». Oui !
Je dois dire toute ma dette à l’égard de Arnaud Lechevalier, excellent cuisinier, maître en théorie, lecteur hors pair et critique sans pitié, ami indéfectible, sans qui ces pages ne seraient pas ce qu’elles sont : sans la critique en ce monde, il n’avancerait pas — mais aussi ma dette à Isabelle Cribier sans la rencontre de qui je n’aurais non plus rencontré la sociologie. Plus de sept ans déjà... Autant et plus à Karine et Laurent Mucchielli, vieux frère et génie de la casserole ainsi que du basilic, à qui vont les marques les plus profondes de mon amitié ; combien les problèmes du monde contemporain, mais aussi de ceux d’hier, m’eussent échappé, je crois, si je ne l’avais rencontré un jour en un bureau sombre de l’OFCE, à l’enfumer pendant près de deux ans, et à ruminer une thèse qui avançait dans les limbes. A Nicole et Jean-Vincent Pfirsch, chez qui devant une belle et bonne table les conversations sont exquises et fortes comme le canard sauvage aux olives, agrémenté d’un Bourgogne duagénaire. A Louis Maurin, à Lilia Akkari, à Babette et Marco Oberti, dont les critiques décapantes et les réflexions sur ce monde n’ont cessé de m’agiter — je suis loin du compte et m’en excuse, comme auprès de ceux que je n’ai pas cités et qui se reconnaîtront, comme Valérie-Anne, Laurent, Tünde, Richard, Julia, Julia, Olivier, et les autres...
Mais aussi à Henri Mendras, pour m’avoir mis le pied à l’étrier et souvent l’esprit en révolte, à Philippe Besnard, à Jean-Paul Fitoussi et à Jacques Le Cacheux, pour leur complicité et pour m’avoir communiqué l’envie d’en finir avec ces pages, pour leurs encouragements et pour les moyens mis à disposition, ainsi qu’à de nombreux membres de l’OFCE et de la FNSP. Mais encore à Irène Fournier, du LASMAS-IDL, pour des fournitures de données sans lesquelles rien n’est possible. Et bien sûr à Michel Forsé sans qui la venue au monde de cette thèse n’eût pu être possible.
Table des matières
Table des matières 3
Table des illustrations 6
Références bibliographiques 15
Index des auteurs 32
INTRODUCTION 33
Sources du problème 34
Choix de démarche 36
Contenu 38
Données 42
PARTIE I : LA STRATIFICATION SOCIALE 44
I-1 PRINCIPE DE LECTURE DE LA STRUCTURE SOCIALE 45
Attribution des ressources sociales et contraintes 47
Position et potentialités d’évolution 60
Nature et intensité 63
historicité 74
Similarité 81
Appendice : Principe de lecture et principe d’existence, une critique de Davis et Moore (1945) 89
I-2 STRATES ET CLASSES 95
Critères de classe 98
Identités de classe 101
Classes au sens faible et au sens fort 105
I-3 LE DEBAT NEO-MARXIEN ET NEO-WEBERIEN 110
Marx : position dans le mode de production et historicité 112
Compléments weberiens : potentialité d’évolution, marché et qualification 116
Néo-marxistes et néo-weberiens 121
Les N capitaux 126
Appendice : les schémas de classes de Wright et de Goldthorpe 133
I-4 MORT DES CLASSES ? 136
Interrogations sur la fin de la lutte des classes en France 137
Eléments du débat 138
Discussion des arguments 143
Résurrection du phoenix ? 163
I-5 LE SYSTEME DE STRATES A LA LUMIERE DE LA DEFINITION 168
Caractère problématique des classifications 169
Caractère problématique de la profession 189
Appendice : échelonnement multidimensionnel 198
PARTIE II : LES COHORTES 201
II-1 LE PROBLEME DES COHORTES 202
La génération et son concept 204
L’intérêt de l’usage des cohortes 208
II-2 METHODES DE SEPARATION DES TROIS EFFETS A.P.C. 217
Le modèle de séparation des effets d’âge, de période et de cohorte 217
La méthode T de repérage de la pertinence du modèle (APC) 219
Mise en œuvre sur des exemples théoriques 221
Critique de la méthode et prudences interprétatives 225
II-3 EXEMPLE EMPIRIQUE : L’EVOLUTION DU NIVEAU DE SCOLARITE 230
L’évolution de l’âge médian de fin d’études 231
La répartition intracohorte de l’âge de fin d’études 235
Séparation des effets d’âge-période-cohorte de la répartition intracohorte de l’âge de fin d’études 242
PARTIE III : STRATIFICATION SOCIALE ET COHORTES, LA TRANSITION COHORTALE 248
III-1 STRATIFICATION, COHORTES ET CHANGEMENT SOCIAL 249
Travaux sur la structure sociale 249
Hypothèse sur la structure sociale par cohorte 252
L’anatomie du corps médical : un modèle de la société globale 255
III-2 LES CHANGEMENTS DE LONG TERME DE LA STRUCTURE SOCIALE : ASPECT GLOBAL 261
Les évolutions séculaires 261
Les évolutions depuis les années soixante 265
III-3 LES CHANGEMENTS DE LA STRUCTURE SOCIALE : ASPECT COHORTAL DESCRIPTIF 273
La fin des paysans-agriculteurs : un changement essentiellement cohortal 273
Le destin d’indépendant : la recomposition du début de cycle de vie 277
Les cadres : la grande transition 279
Les professions intermédiaires : grande transition puis grande stagnation 289
Les employés : catégorie refuge du tertiaire 291
Les ouvriers (en emploi) : déclin par âge et déclin par cohorte 292
Les sans-emplois : une catégorie résiduelle en ascension 293
L’affectation des sans-emplois à leur catégorie d’origine : un autre diagnostic 296
Appendice : un homme sur deux est une femme 301
III-4 VISION D’ENSEMBLE DE LA TRANSITION COHORTALE ET HYPOTHESES 311
La transition cohortale des cadres : l’effet majeur de la scolarité 311
Un résidu cohortal : la « valorisation relative » des cohortes 313
Les paramètres de la « valorisation relative » 315
Un complément : la transition cohortale des cadres et professions intermédiaires 328
PARTIE IV : LES CONSEQUENCES 335
IV-1 L’ACCES AUX RESSOURCES MARCHANDES : SALAIRES ET REVENUS 337
Le salaire individuel 337
Le revenu disponible et la consommation du ménage 344
IV-2 L’INERTIE DE LA FLUIDITE SOCIALE 352
Mobilité et fluidité : deux concepts radicalement distincts 352
L’hypothèse FJH : l’invariance de la fluidité 357
L’invariance de la fluidité dans le temps, en France 359
L’invariance de la fluidité par cohorte en France 364
IV-3 LA MOBILITE SOCIALE, HIER, AUJOUD’HUI, DEMAIN 368
Comparaison de la mobilité en 1970 et en 1995 : les 40 à 59 ans 369
Comparaison de la mobilité en 1970 et en 1995 : les 30 à 39 ans 373
La mobilité à 40 ans : cohortes 1935-1955 375
La mobilité des « enfants de la crise » 378
CONCLUSION 391
Synthèse 391
Apports 393
Limites 396
Travaux à venir 398
Table 400
Table des illustrations1
F I-1 1 : Schème des corollaires de la stratification 56
F I-3 1 : Schéma de Wright (1985, p.88) 134
F I-3 2 : Schéma de Goldthorpe (1992, table 2.1) 135
F I-4 1 : Le strobiloïde français : 1956-1994 138
G I-4 1 : Taux de pauvreté par âge aux Etats-Unis 1965-1995 (en %) 148
T I-5 1 : Table de mobilité et Table des dij (triangle supérieur) et intervalles de confiance au seuil de 95 % (triangle inférieur) 170
T I-5 2 : Exemple de table Asymétrique (effectifs) 173
F I-5 1 : Asymétrie avec déplacement 174
T I-5 3 : Table de mobilité des agriculteurs (10), artisans (21) et commerçants (23) 174
T I-5 4 : Table des LOR des agriculteurs (10), artisans (21) et commerçants (23) 174
T I-5 5 : Table de réduction des R2 180
F I-5 2 : Solution à deux axes des échelonnements 1 (gauche) et 2 (droite) 180
F I-5 3 : Six interprétations de l’échelonnement (voir texte) 184
F I-5 4 : Incertitudes sur la verticalité et l’horizontalité 187
F I-5 5 : Capitaux, Statuts et secteurs 188
T I-5 6 : Population masculine active en 1994 et 1995 et transition emploi-chômage (% en ligne) 190
T I-5 7 : Régression logistique du chômage 1995 selon les variables de contexte et le chômage en 1994 192
T I-5 8 : Régression logistique du chômage 1995 des individus en emploi en mars 1994, ou ayant retrouvé un emploi dans le courant des six premiers mois suivant mars 1994, selon les variables de contexte et le chômage en 1994 193
T I-5 9 : Population masculine active en 1988 et 1993 et transition emploi-chômage (% en ligne) 194
T I-5 10 : Taux de chômage d’année en année sous hypothèse d’aléa simple (en %) et empiriquement 195
G I-5 1 : Déclin théorique et empirique du LOR 195
T II-2 1 : Diagramme de Lexis de V 221
G II-2 1 : Représentation tridimensionnelle de V 222
G II-2 2 : Représentation tridimensionnelle de V’ (à gauche) et de sa transformée T(V’) (à droite) 223
G II-2 3 : Diagramme de Lexis de T(V’) en courbes de niveau 223
G II-2 4 : Représentation tridimensionnelle du « trou blanc » (à gauche), et courbes de niveau de T(V’’) (à droite) 224
G II-2 5 : Représentation tridimensionnelle de I (à gauche), et de V(3) (à droite) 225
G II-2 6 : Courbes de niveau de T(V(3)) 225
G II-3 1 : Age de fin d’études en coupe transversale selon l’âge (en haut à gauche) selon l’année (en haut à droite), et suivi longitudinal selon l’âge (en bas à gauche) et selon la cohorte (en bas à droite) 232
G II-3 2 : Age médian de fin d’études par année (1964-1995) et par âge (25-59 ans) 232
G II-3 3 : Courbes de niveau de la transformée T de l’âge médian de fin d’études 234
G II-3 4 : Age médian de fin d’études (en années) par cohorte 235
G II-3 5 : Répartition de l’âge de fin d’études (en années) par cohorte : 1er décile, médiane, 9e décile 237
G II-3 6 : Ecart interdécile (en années) par cohorte de l’âge de fin d’études 239
G II-3 7 : Répartition des master’s, professional et doctorate degrees aux Etats-Unis, des diplômés de 2e et 3e cycles et grandes écoles en France, par cohorte (en %) 241
G II-3 8 : Répartition des 1er 5e et 9e déciles de la répartition de l’âge de fin d’études aux Etats-Unis et en France 242
G II-3 9 : Courbes de niveau de la transformée T de l’écart interdécile de l’âge de fin d’études (en années) 243
G II-3 10: Paramètres d’âge (en haut à gauche), de période (en haut à droite) et de cohorte (en bas) 244
G II-3 11 : Paramètres d’âge (en haut à gauche), de période (en haut à droite) et de cohorte (en bas) sans poser de contrainte sur les paramètres 245
T II-3 1 : Table de la réduction du R2 selon les modèles 246
F III-1 1 : Les trois stades de la non-planification 252
G III-1 1 : Nombre de médecins en exercice (milliers) 255
G III-1 2 : Entrées en 2e année de médecine (numerus clausus) et diplômes de médecins 256
G III-1 3 : Proportion de médecins dans une cohorte (%) dans la population de 33 à 59 ans 257
G III-2 1 : Structure sociale masculine (1851-1982) type CSP selon Marchand et Thélot (1997) de la population active masculine 264
T III-2 1 : Table de passage des codes CSP et PCS au code des GSP 267
T III-2 2 : Les deux codages en GSP 268
T III-2 3 : Part des différents GSP dans la population active (population masculine 25-59 ans) 269
G III-2 2 : Evolution des GSP dans la population active caractérisée par une PCS (population masculine 25-59 ans) 269
G III-2 3 : Evolution des GSP dans la population active caractérisée par une PCS, chômeurs (Ch) séparés (population masculine 25-59 ans) 271
T III-2 4 : Emploi et non-emploi (population masculine 25-59 ans) 271
T III-2 5 : Emploi et non-emploi (population masculine 25-59 ans) 272
G III-3 1 : Proportion d’agriculteurs en coupe transversale selon l’âge (en haut à gauche) selon l’année (en haut à droite), et suivi longitudinal selon l’âge (en bas à gauche) et selon la cohorte (en bas à droite) 275
G III-3 2 : Courbes de niveaux du diagramme de Lexis en trois dimensions 277
G III-3 3 : Proportion d’indépendants en coupe transversale selon l’âge (en haut à gauche) selon l’année (en haut à droite), et suivi longitudinal selon l’âge (en bas à gauche) et selon la cohorte (en bas à droite) 279
T III-3 1 : Proportion de cades dans la population masculine d’un âge et d’une cohorte donnés (%) 281
G III-3 4 : Proportion de cadres en coupe transversale selon l’âge (en haut à gauche) selon l’année (en haut à droite), et suivi longitudinal selon l’âge (en bas à gauche) et selon la cohorte (en bas à droite) 281
G III-3 5 : Proportion de cadres entre 25 et 59 ans, et entre 28 et 32 ans (%) sur la période 1964-1995 283
G III-3 6 : Proportion d’âge de fin d’études élevé par cohorte (suivi longitudinal en % ; en haut : au dessus de 19 ans ; en bas : au dessus de 21 ans ; à gauche : hommes ; à droite : femmes) 285
G III-3 7 : Proportion de diplômés par cohorte (suivi longitudinal en % ; en haut : bacheliers ; en bas : 2e cycle universitaire ou grande école ; à gauche : hommes ; à droite : femmes) 286
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