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« EVANGELIUM VITAE » L’EVANGILE DE LA VIE du Souverain Pontife Jean-Paul II - 25 mars 1995 SUR LA VALEUR ET L'INVIOLABILITÉ DE LA VIE HUMAINE ![]() Résumé du Père Emmanuel INTRODUCTION 1. L'Evangile de la vie doit être annoncé comme une bonne nouvelle pour les hommes. A Noël, le sens plénier de toute naissance humaine se trouve révélé, et la joie messianique est le fondement et l'accomplissement de la joie qui accompagne la naissance de tout enfant. Notre Sauveur est venu pour que les hommes aient la vie. La valeur incomparable de la personne humaine 2. La profondeur de la vocation surnaturelle de l’homme révèle la grandeur et le prix de sa vie. Le développement de l’existence dans le temps, renouvelé par le don de la vie divine, atteindra son plein accomplissement dans l’éternité. La vie de l'homme, relative ici-bas, nous est confiée pour que nous la respections et la portions à sa perfection dans l'amour de Dieu et du prochain. L’Evangile de la vie trouve un écho dans le cœur humain. En effet tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec la lumière de la raison et de la grâce, arriver à reconnaître la valeur sacrée de la vie humaine ; il peut affirmer le droit de tout homme à voir intégralement respecté ce bien sur lequel se fonde la communauté humaine. La défense et la mise en valeur de ce droit doivent être, de manière particulière, l'œuvre des disciples du Christ, conscients de l'amour infini de Dieu et de la valeur incomparable de la vie humaine. L'Evangile de l'amour de Dieu pour l'homme, de la dignité de la personne et de la vie est un Evangile unique et indivisible, source d'une espérance invincible et d'une joie véritable. Les nouvelles menaces contre la vie humaine 3. En vertu du mystère de l’Incarnation, tout homme est confié à la sollicitude maternelle de l'Eglise. Aussi toute menace contre la dignité de l'homme et contre sa vie atteint l’Eglise au centre de sa foi en l'Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu et dans sa mission d'annoncer l'Evangile de la vie. Aujourd'hui, cette annonce est urgente en raison de la multiplication et de l'aggravation des menaces contre la vie de l’homme. Aux fléaux douloureux de la misère, de la faim, des maladies, il s'en ajoute d'autres, dont les modalités sont nouvelles et les dimensions inquiétantes. Ainsi « tout ce qui s'oppose à la vie, à l'intégrité de la personne humaine, comme les conditions de travail dégradantes : toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes… Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent 2 ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l'honneur du Créateur. 4. Malheureusement, avec le progrès scientifique et technique, on voit naître de nouvelles formes d'attentats à la dignité de l'être humain. Tout cela bouleverse la façon de considérer la vie et les relations entre les hommes. Le fait que de nombreux pays aient légalisé ces pratiques contre la vie est un symptôme préoccupant et une cause non négligeable d'un grave effondrement moral : des choix criminels, refusés par le sens moral, deviennent socialement respectables. La médecine, qui a pour vocation de soigner la vie humaine, réalise toujours plus largement ces actes contre la personne et blesse ainsi la dignité de ceux qui l'exercent. Dans un tel contexte culturel et légal, les graves problèmes démographiques, sociaux ou familiaux pesant sur de nombreux peuples risquent d'être résolus, en contradiction avec la vérité et avec le bien des personnes et des nations. Il est très grave que soient éliminées tant de vies humaines et que la conscience ne discerne plus la valeur fondamentale de la vie humaine. En communion avec tous les Evêques du monde 5. Les Cardinaux, en avril 1991, m'ont demandé de réaffirmer avec l'autorité du Successeur de Pierre l’inviolabilité de la vie humaine. J’ai demandé à mes Frères dans l'épiscopat de m'apporter leur collaboration en vue de la rédaction d’un document portant sur cette question. Aujourd'hui beaucoup d'êtres humains faibles et sans défense sont bafoués dans leur droit fondamental à la vie. Si l'Eglise, à la fin du siècle dernier, n'avait pas le droit de se taire face aux injustices qui existaient alors, elle peut encore moins se taire aujourd'hui, quand, aux injustices sociales du passé qui ne sont malheureusement pas encore surmontées, s'ajoutent des phénomènes d'oppression même plus graves, parfois présentés comme des éléments de progrès en vue de l'organisation d'un nouvel ordre mondial. La présente encyclique est une réaffirmation ferme de la valeur de la vie humaine et de son inviolabilité et un appel passionné adressé à tous les membres de l'Eglise et à toutes les personnes de bonne volonté, au nom de Dieu, de défendre, d’aimer et de servir la vie humaine. 6. En profonde communion avec mes frères et sœurs dans la foi, je veux annoncer l'Evangile de la vie, source intarissable de constance et de courage pour faire face aux défis actuels. Je souhaite que se renforce l'engagement de tous à soutenir la famille, « sanctuaire de la vie ». 3 J’appelle tous les membres de l'Eglise, afin que nous puissions donner à notre monde des signes d'espérance, en agissant pour que s'affirme une nouvelle culture de la vie humaine. CHAPITRE I LA VOIX DU SANG DE TON FRÈRE CRIE VERS MOI DU SOL LES MENACES ACTUELLES CONTRE LA VIE HUMAINE « Caïn se jeta contre son frère Abel et le tua » (Gn 4, 8) : à la racine de la violence contre la vie 7-8. Le meurtre d'Abel par Caïn s’est répété malheureusement chaque jour dans l'histoire des peuples. Caïn est « très irrité » parce que « le Seigneur agrée Abel et son offrande ». Caïn est tenté, mais demeure libre face au péché. Mais la jalousie et la colère l'emportent sur l'avertissement du Seigneur, et Caïn se jette sur son frère et le tue. La présence dans l'homme de la colère et de la convoitise est la conséquence du péché originel. L'homme est devenu l'ennemi de son semblable. Dans tout homicide est violée la parenté spirituelle qui réunit les hommes en une seule famille. Souvent la parenté de la chair et du sang est aussi violée par exemple dans les rapports entre parents et enfants. A la source de toute violence, il y a le fait de céder à la «logique du Mauvais, homicide dès le commencement ». Caïn cherche à couvrir son crime par le mensonge. Il en est ainsi quand des idéologies diverses veulent masquer les crimes les plus atroces perpétrés contre la personne. Caïn refuse d'assumer la responsabilité à l’égard de son frère. On pense aux tendances actuelles à la perte de la solidarité de l’homme envers les membres les plus faibles de la société. 9. Le sang de la victime exige que Dieu fasse justice. De tels péchés, comme l'homicide volontaire, « crient vengeance à la face de Dieu ». La vie humaine n'appartient qu'à Dieu ; c'est pourquoi celui qui attente à celle-ci attente en quelque sorte à Dieu. Caïn est maudit, la terre lui refusera ses fruits. La violence homicide change profondément le cadre de vie de l'homme. La terre, qui était le « jardin d'Eden », lieu d'abondance, de relations interpersonnelles et d'amitié avec Dieu devient le « pays de Nod », lieu de la misère, de la solitude et de l'éloignement de Dieu. Caïn sera dans l'instabilité. Mais Dieu 4 miséricordieux « mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point ». Meurtrier, il garde sa dignité personnelle et Dieu s'en fait le garant. « Qu'as-tu fait ? » (Gn 4, 10) : l'éclipse de la valeur de la vie 10. La voix du sang versé par l’homme crie continuellement. Tout homme doit prendre conscience de la gravité des attentats contre la vie, rechercher leurs causes et réfléchir à leurs conséquences pour l'existence des personnes et des peuples. Certaines menaces proviennent de la nature, mais sont aggravées par la négligence humaine ; d'autres, au contraire, sont le fait de situations de haine qui poussent des hommes à agresser leurs semblables. La vie de millions d'êtres humains est sacrifiée à cause d'une distribution injuste des richesses. Il faut citer aussi le commerce scandaleux des armes, la dégradation des équilibres écologiques, la diffusion criminelle de la drogue ou l'encouragement donné à des comportements sexuels qui, déjà moralement inacceptables, mettent la vie en danger. 11. Mais un autre genre d'attentats frappe la vie humaine dans des situations de très grande précarité, lorsqu'elle est privée de toute capacité de défense. Encore plus grave est le fait qu'ils sont, pour une large part, réalisés à l'intérieur et par l'action de la famille. Une crise profonde de la culture engendre le scepticisme sur les fondements mêmes de l'éthique et rend toujours plus difficile la perception du sens de l'homme, de ses droits et de ses devoirs. A cela s'ajoutent les difficultés rencontrées par les personnes, les familles souvent seules face à leurs problèmes. Elles peuvent être plongées dans des situations de pauvreté, d'angoisse dans lesquelles l'effort pour survivre, la souffrance, les violences subies rendent exigeants, jusqu'à l'héroïsme, les choix en faveur de la défense de la vie. Tout cela explique, au moins en partie, que la valeur de la vie connaisse aujourd’hui une sorte d’éclipse bien que, pour la conscience, elle ne cesse d’être sacrée. 12. Cette culture de mort est activement encouragée par des courants culturels, économiques et politiques. La vie qui nécessiterait le plus d'amour et de soin est jugée inutile, ou trop lourde à porter, et elle est donc refusée. Par sa maladie, son handicap ou sa présence, celui qui met en cause le bien-être ou les habitudes de vie des personnes tend à être considéré comme un ennemi dont il faut se défendre. Cette conspiration contre la vie ébranle aussi les relations entre les peuples. 5 13. On investit des sommes considérables pour permettre le meurtre du fœtus dans le sein maternel sans recourir au service du médecin et pour soustraire l'avortement à toute forme de contrôle et de responsabilité sociale. Il est souvent affirmé que la contraception accessible à tous est le remède le plus efficace contre l'avortement. L'Eglise catholique est accusée de favoriser de fait l'avortement parce qu'elle continue à enseigner l'illicéité morale de la contraception. Cette objection est en réalité spécieuse. Car les contrevaleurs présentes dans la mentalité contraceptive sont telles qu'elles rendent plus forte la tentation de l’avortement face à la conception d'une vie non désirée. Certes, du point de vue moral, la contraception contredit la vérité intégrale de l'acte sexuel comme expression de l'amour conjugal, l'avortement détruit la vie d'un être humain; la première s'oppose à la vertu de chasteté conjugale, le second s'oppose à la vertu de justice et viole le précepte divin « tu ne tueras pas ». Mais, même avec cette nature et ce poids moral différents, la contraception et l'avortement sont liés, comme les fruits d'une même plante. On arrive à ces maux sous la pression des difficultés existentielles, qui cependant ne dispensent pas de l'effort d'observer la loi divine. Mais très souvent ces pratiques s'enracinent dans une mentalité hédoniste et de déresponsabilisation en ce qui concerne la sexualité et supposent une conception égoïste de la liberté, qui voit dans la procréation un obstacle à l'épanouissement de la personnalité de chacun. La vie qui pourrait naître de la relation sexuelle devient l'ennemi à éviter et l'avortement l'unique solution en cas d'échec de la contraception. Malheureusement l'étroite connexion dans les mentalités entre ces deux pratiques se manifeste toujours plus ; et cela est confirmé par la mise au point de préparations pharmaceutiques agissant en réalité comme des moyens abortifs. 14. Les diverses techniques de reproduction artificielle, qui sont moralement inacceptables parce qu'elles séparent la procréation du contexte intégralement humain de l'acte conjugal, enregistrent de forts pourcentages d'échec, non seulement en ce qui concerne la fécondation, mais aussi le développement ultérieur de l'embryon. Ceux-ci sont produits en nombre supérieur à ce qui est nécessaire pour l'implantation dans l'utérus de la femme et sont ensuite supprimés ou utilisés pour la recherche. Le diagnostic prénatal, qui peut aider à soigner l'enfant non encore né, devient une occasion de proposer l'avortement. La vie est accueillie sauf si survient le handicap ou 6 l'infirmité. On arrive à refuser les soins ordinaires élémentaires à des enfants nés avec des handicaps ou des maladies graves. 15. Des menaces aussi graves pèsent sur les malades incurables et sur les mourants. Chez le sujet malade, le sentiment d'angoisse et de désespérance, provoqué par une douleur intense et prolongée, peut être décisif. Celui-ci risque de se sentir écrasé par sa fragilité malgré l'efficacité grandissante de l'assistance médicale et sociale. De plus la culture ambiante considère la souffrance comme le mal par excellence à éliminer à tout prix. L'homme croit pouvoir s'ériger en maître de la vie et de la mort, tandis qu’il est vaincu par une mort fermée à toute espérance. Mise à part une prétendue pitié face à la souffrance du malade, l'euthanasie est parfois justifiée par un motif de nature utilitaire, consistant à éviter des dépenses trop lourdes pour la société. On envisage ainsi de supprimer des nouveau-nés malformés, des personnes gravement handicapées, des personnes âgées, surtout si elles ne sont pas autonomes, et des malades en phase terminale. 16-17. Fréquemment, les attentats contre la vie sont associés au phénomène démographique. Dans les pays riches, on enregistre un effondrement préoccupant des naissances ; à l'inverse, les pays pauvres connaissent en général un taux élevé de croissance de la population, difficilement supportable dans un contexte de faible développement économique et social. Au lieu de suivre, au niveau international, des politiques familiales et sociales sérieuses, des programmes de production et de distribution justes des ressources, une planification massive des naissances est imposée aux peuples. Les puissants de la terre se comportent comme l'antique pharaon et craignent que les peuples les plus prolifiques et les plus pauvres représentent une menace pour le bien-être de leurs pays. Enfin les médias sont complices de cette conjuration contre la vie, en répandant un état d'esprit présentant la culture de mort comme un signe de progrès et une conquête de la liberté et la culture de vie comme une régression. « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9) : une conception pervertie de la liberté 18. Ce panorama demande à être connu aussi du point de vue des causes multiples qui le déterminent. Les choix contre la vie sont parfois suggérés par des situations de souffrance, de solitude, d'impossibilité d'espérer une amélioration économique, d'angoisse pour l'avenir. De telles circonstances peuvent atténuer considérablement la 7 responsabilité personnelle et la culpabilité qui en résulte chez ceux qui accomplissent ces choix criminels. Cependant le problème n’est pas seulement de la reconnaissance de ces situations personnelles. Il se pose aussi sur les plans culturel, social et politique, et c'est là qu'apparaît son aspect le plus subversif et le plus troublant, en raison de la tendance actuelle à interpréter les crimes contre la vie comme des expressions légitimes de la liberté individuelle, que l'on doit défendre comme de véritables droits. La proclamation solennelle et répétée des droits de l’homme est contredite par la multiplication et la légitimation des attentats contre la vie humaine. Ceux-ci mettent en danger le sens de la convivialité démocratique. Les modèles économiques adoptés par les Etats sont soumis à des pressions de caractère international qui provoquent et entretiennent des situations d'injustice et de violence dans lesquelles la vie humaine des populations est avilie et opprimée. 19-20. Où se trouvent les racines d'une contradiction si paradoxale ? La mentalité qui ne reconnaît comme seul sujet de droits que l'être qui présente une autonomie est inconciliable avec la proclamation que l'homme est un être «indisponible». L'homme ne peut être soumis à la domination de personne. Si la dignité personnelle est identifiée avec la capacité de communication verbale explicite, il n'y a pas de place alors pour l'être de faible constitution totalement dépendant et qui ne peut pas s’exprimer. La culture de mort révèle une conception de la liberté totalement individualiste qui finit par être la liberté des « plus forts » s'exerçant contre les faibles. Pourtant Dieu confie l'homme à l'homme. A cette fin, il lui donne la liberté, qui est au service de la personne et de son accomplissement par le don d'elle-même et l'accueil de l'autre. Celle-ci se détruit quand elle ne reconnaît plus et ne respecte plus son lien constitutif avec la vérité objective, fondement de la vie personnelle et sociale : la personne finit par prendre pour critère de ses choix son opinion subjective ou même ses intérêts égoïstes et arrive à nier l'autre, considéré comme un ennemi. La société devient ainsi un ensemble d'individus voulant faire prévaloir leurs intérêts. Elle doit chercher un compromis pour garantir un maximum de liberté à chacun. Toute référence à des valeurs communes et à une vérité absolue disparaît alors. Tout est négociable, même le droit à la vie. L'Etat se transforme en tyran qui prétend pouvoir disposer de la vie des plus faibles au nom de l'intérêt de quelques-uns. |
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