Bibliographie générale : canguilhem, G., «Vie»








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date de publication18.10.2016
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Histoire des conceptions philosophiques du vivant
Céline LEFEVE (UFR Sciences du vivant – Département Histoire et Philosophie des Sciences)
Bibliographie générale :

CANGUILHEM, G. , « Vie », Encyclopaedia Universalis, t. 23 (pp. 546-553 dans l’édition de 1989).

CANGUILHEM, G. , Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1968.

DUPOUEY, P. , Epistémologie de la biologie : la connaissance du vivant, Paris, Nathan, 1997.

PICHOT, A. , Histoire de la notion de vie, Paris, Gallimard, collection TEL, 1993.

Objectifs du cours : Présenter la permanence et les transformations de l’opposition finalisme-mécanisme dans les sciences du vivant jusqu’au XIXème s.


  1. La philosophie aristotélicienne de la vie : Aristote (384 av. J. –C. – 322 av. J. – C. )

    1. Le vivant, modèle de la physique aristotélicienne

    2. L’animisme aristotélicien : l’âme principe de vie

a. Les fonctions de l’âme et les caractéristiques du vivant

b. La connaissance du vivant fondée sur les notions d’acte, de forme, de finalité (cause finale) et de fonction

ARISTOTE, De l’Ame, II, 1, 2 et 3, trad. E. Barbotin, Paris, Gallimard, TEL, 1989 ; Parties des animaux, livre I, trad. J. – M. Leblond (1945), introd. P. Pellegrin, Paris, GF, 1995.


  1. Le mécanisme de Descartes (1596-1650) et le problème de la connaissance du vivant :

    1. La révolution scientifique de l’âge classique : La rupture avec la physique aristotélicienne et la physique mathématique de Galilée (1564-1642)

CANGUILHEM, G. , « Galilée : la signification de l’œuvre et la leçon de l’homme », in : Etudes d’histoire et de philosophie des sciences (1966), Paris, Vrin, 1989, pp. 27-35 ; « L’homme de Vésale dans le monde de Copernic : 1543 », in Etudes d’histoire et de philosophie des sciences (1966), Paris, Vrin, 1989, pp. 37-50.

KOYRE, A. , « Galilée et la révolution scientifique du XVIIème siècle », in Etudes d’histoire de la pensée scientifique, (1966), pp. 196-212, Paris, Gallimard, coll. TEL, 1973.

    1. Le mécanisme de Descartes :

          1. La distinction cartésienne de l’âme pensante et du corps

          2. La théorie de l’animal-machine

          3. Le problème de la finalité interne du vivant et le recours à Dieu

DESCARTES, R. , Traité de l’homme, in : Traité du monde et de la lumière, in : Œuvres, éd. Adam et Tannery, Paris, Vrin-CNRS, 1964-1974, vol. IX.

          1. La conception mécaniste du vivant

    1. Les limites du mécanisme : la vie comme organisation et le vivant comme organisme. L’idée kantienne de « finalité sans fin »

KANT, E. , (1790),Critique de la faculté de juger, trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 1989.


  1. Le vitalisme :

  1. L’animisme de G. –E. Stahl (1660-1734)

  2. La médecine vitaliste au XVIIIème siècle :

          1. La question de la spécificité du vivant au XVIIIème s. La recherche des propriétés vitales essentielles (irritabilité/sensibilité)

          2. Le vitalisme de X. Bichat (1771-1802)

BICHAT, X. , (1800), Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) et autres textes, Paris, GF, 1994.

HUNEMAN, P. , Bichat, la vie et la mort, Paris, PUF, Philosophies, 1998.

LE BLANC, G. , « Vitalisme », in LECOURT, D. (dir.) , Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, PUF, 2004, p. 1208-1211.

LECOURT, D. , « Vitalisme et mécanisme » in LECOURT, D. (dir.) , Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, PUF, 1999.
Conclusion : Finalisme et vitalisme dans la philosophie biologique contemporaine

CANGUILHEM, G. , « Machine et organisme », La Connaissance de la vie (1952), rééd. Paris, Vrin, 1965, pp. 101-127.

Textes :
« En tout devenir naturel nous observons plusieurs causes, par exemple, la cause en vue de laquelle et la cause à partir de laquelle se fait le changement ; il faut donc déterminer, sur ce point aussi, laquelle se trouve être première et laquelle seconde. Il semble que la première cause soit celle que nous appelons « en vue de quoi » ; en effet, elle est « raison » et la raison est principe, aussi bien dans les produits de l’art que dans ceux de la nature. Le médecin commence par déterminer, soit par raisonnement, soit par observation, ce qu’est la santé, l’architecte ce qu’est la maison ; ils rendent compte par là des raisons et des causes de leurs démarches et du « pourquoi » de leurs actions. »

Aristote, Les Parties des animaux, livre I, trad. J. – M. Leblond, Paris, GF, 1995, pp. 38-39.

« Quand on traite d’une partie ou d’un organe quelconques, il faut garder dans l’esprit qu’on ne doit pas seulement faire mention de la matière et voir là le but de la recherche, mais qu’on doit s’attacher à la forme totale ; ainsi considère-t-on une maison toute entière et non pas seulement les briques, le mortier et le bois. Pareillement, dans l’étude de la Nature c’est la synthèse, la substance intégrale qui importent, et non des éléments qui ne se rencontrent pas séparés de ce qui fait leur substance. (…)

Puisque tout organe est en vue d’une fin, que chacune des parties du corps est aussi en vue d’une fin, et que la fin, c’est l’action, il ressort que le corps tout entier est constitué en vue d’une action totale. L’action de scier, en effet, n’est pas faite en vue de ce qui l’opère, mais c’est ce qui l’opère qui est en vue de l’action de scier, car scier c’est précisément une action. Par suite, le corps tout entier existe en quelque sorte pour l’âme, et chacune des parties pour la fonction qui lui est naturelle. »

Aristote, Les Parties des animaux, livre I, trad. J. – M. Leblond, Paris, GF, 1995, pp. 59-60.

« Les Anciens et ceux qui ont commencé à philosopher sur la nature faisaient porter leur examen sur la matière, sur la cause matérielle, sa nature et ses propriétés (…) ; c’est ainsi qu’ils font la genèse du monde, et ils exposent de même celle des animaux et des plantes : ils disent, par exemple, que le flux de l’eau dans le corps explique la formation de l’estomac et de tout réceptacle de nourriture ou de déchets, que le passage du souffle a percé les narines. Or l’air et l’eau sont la matière des corps et c’est avec ces corps que tous ces philosophes construisent la nature.

Mais si l’homme, les animaux et leurs parties sont des êtres naturels, il faudrait, à propos de leurs parties – de la chair, de l’os, du sang et de toutes les parties indifférenciées ; et même au sujet des parties différenciées, visage, main, pied – dire leur nature propre et leur rôle ; il n’est pas suffisant, en effet, de dire de quoi tout cela est fait, feu ou terre ; si nous avions à parler d’un lit ou d’un objet de ce genre, nous chercherions à déterminer sa forme plutôt que sa matière, airain ou bois, ou au moins la matière de l’ensemble. Car un lit, c’est telle chose dans telle matière, telle chose caractérisée de telle façon. Il faut donc parler de sa configuration. C’est-à-dire ce qu’est sa forme.

La nature formelle a plus d’importance que la nature matérielle. A vrai dire, si c’est dans la configuration extérieure et dans la couleur que consistent chacun des animaux et chacune de leurs parties, Démocrite a raison (…). Il déclare donc que tout le monde voit bien ce qu’est la forme de l’homme, puisque c’est la structure extérieure et la couleur qui la font connaître. Pourtant, le mort aussi présente le même aspect extérieur, et avec cela il n’est pas un homme ; impossible, aussi, qu’existe une main qui soit composée de n’importe quoi, une main en airain par exemple, ou en bois, sinon au prix d’une équivoque, de même que pour le médecin en peinture. Cette main ne pourra pas en effet remplir sa fonction, pas plus que des flûtes de pierre ne pourront remplir la leur, ou le médecin dessiné. Pareillement, aucune partie d’un cadavre n’est encore ce qu’elle était, par exemple l’œil ou la main. (…) C’est bien ainsi que les physiologues parlent de la genèse et des causes de la structure, se demandant à quelles forces est due leur organisation. Le charpentier parlerait peut-être de sa hâche et de sa tarière, comme eux font de l’air et de la terre ; seulement, il parlerait mieux ; il ne lui suffirait pas de dire qu’au contact de son outil se produit tantôt un trou, tantôt une surface plane, mais il dirait aussi pourquoi il a donné tel coup et en vue de quoi – il dirait la cause qui fait que telle ou telle chose prend sa forme. Ce qui manifeste que ces naturalistes ont tort et qu’il faut parler de la nature d’un animal, de ce qu’il est, de ses qualités et de chacune de ses parties, comme on parle de la forme d’un lit.

Or, si cela c’est l’âme, ou une partie de l’âme, ou, au moins, ce qui n’existe pas sans âme (…) il appartiendra au naturaliste de parler de l’âme et d’en avoir la science, et sinon, de toute âme, du moins de ce qui fait de l’animal ce qu’il est (…), d’autant plus que la nature se dit en deux sens : la matière et la substance. C’est cette dernière qui joue le rôle de moteur et de fin. C’est cela qu’est l’âme de l’animal, ou toute entière, ou une partie d’elle-même. Ainsi, il faut, dans l’étude de la nature, insister davantage sur l’âme que sur la matière, dans la mesure précisément selon laquelle c’est plutôt par l’âme que la matière est nature, que l’inverse ; en effet, le bois n’est lit et trépied que parce qu’il est cela en puissance. »
Aristote, Les Parties des animaux, livre I, trad. J. – M. Leblond, Paris, GF, 1995, pp. 41-43.
« Je suppose que le corps n’est autre chose qu’une statue ou machine de terre, que Dieu forme tout exprès, pour la rendre la plus semblable à nous qu’il est possible : en sorte que non seulement il lui donne au dehors la couleur et la figure de tous nos membres, mais aussi qu’il met au-dedans toutes les pièces qui sont requises pour faire qu’elle marche, qu’elle mange, qu’elle respire, et enfin qu’elle imite toutes celles de nos fonctions qui peuvent être imaginées procéder de la matière et ne dépendre que de la disposition des organes.

Nous voyons des horloges, des fontaines artificielles, des moulins, et autres semblables machines, qui n’étant faites que par des hommes, ne laissent pas d’avoir la force de se mouvoir d’elles-mêmes en plusieurs diverses façons ; et il me semble que je ne saurais imaginer tant de sortes de mouvements en celle-ci, que je suppose être faite des mains de Dieu, ni lui attribuer tant d’artifice que vous n’ayez sujet de penser, qu’il y en peut avoir encore davantage. »
R. Descartes, L’Homme, in : Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, t. I, p. 379.


« Je désire que vous considériez après cela, que toutes les fonctions que j’ai attribuées à cette machine, comme la digestion des viandes, le battement du coeur et des artères, la nourriture et la croissance des membres, la respiration, la veille et le sommeil ; la réception de la lumière, des sons, des odeurs, des goûts, de la chaleur et de telles autres qualités, dans les organes des sens extérieurs ; l’impression de leurs idées dans l’organe du sens commun et de l’imagination, la rétention ou l’empreinte de ces idées dans la mémoire ; les mouvements intérieurs des appétits et des passions ; et enfin les mouvements extérieurs de tous les membres, qui suivent si à propos, tant des actions des objets qui se présentent aux sens, que des passions, et des impressions qui se rencontrent dans la mémoire, qu’ils imitent le plus parfaitement qu’il est possible ceux d’un vrai homme : je désire, dis-je, que vous considériez que ces fonctions suivent toutes naturellement, en cette machine, de la seule disposition de ses organes, ne plus ne moins que font les mouvements d’une horloge, ou autre automate, de celle de ses contrepoids et de ses roues ; en sorte qu’il ne faut point à leur occasion concevoir en elle aucune âme végétative, ni sensitive, ni aucun autre principe de mouvement et de vie, que son sang et ses esprits, agités par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans son cœur, et qui n’est point d’autre nature que tous les feux qui sont dans les corps inanimés. »
R. Descartes, L’Homme, in : Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, t. I, pp. 479-480.

« Examinez avec quelque attention l’économie physique de l’homme : qu’y trouvez-vous ? les mâchoires armées de dents, qu’est-ce autre chose que des tenailles ? L’estomac n’est qu’une cornue ; les veines, les artères, le système entier des vaisseaux, ce sont des tubes hydrauliques ; le cœur est un ressort ; les viscères ne sont que des filtres, des cribles ; le poumon n’est qu’un soufflet ; qu’est-ce que les muscles ? Sinon des cordes. Qu’est-ce que l’angle oculaire ? Si ce n’est une poulie et ainsi de suite. (…) (Ce n’est pas contestable) que tous les phénomènes (de la nature) doivent se rapporter aux lois de l’équilibre, (…) à celles de la corde, du ressort et autres éléments de la mécanique. »

Baglivi, Praxis medica (1696), cité par G. Canguilhem « Machine et organisme », La Connaissance de la vie (1952), rééd. Paris, Vrin, 1965, pp. 101-127.
« Pour une chose en tant que fin naturelle on exige premièrement que les parties (selon leur existence et leur forme) ne soient possibles que par leur relation au tout. (…) Dans la mesure où une chose n’est pensée comme possible que de cette manière, ce n’est qu’une œuvre d’art, c’est-à-dire le produit d’une cause raisonnable, distincte de la matière de ce produit (des parties) (…).

Mais si une chose, en tant que produit naturel, doit envelopper en elle-même et en sa possibilité interne une relation à des fins, c’est-à-dire être possible simplement en tant que fin naturelle et sans la causalité des concepts d’un être raisonnable, il faut deuxièmement que les parties de cette chose se lient dans l’unité d’un tout, en étant réciproquement les unes par rapport aux autres cause et effet de leur forme. (…)

Ainsi pour un corps, qui doit être jugé comme fin naturelle en lui-même et selon sa possibilité interne, on exige que les parties de celui-ci se produisent l’une l’autre dans leur ensemble, aussi bien dans leur forme que dans leur liaison, d’une manière réciproque et que par cette causalité propre elles produisent un tout (…).

Dans un tel produit de la nature toute partie, tout de même qu’elle n’existe que par toutes les autres, est aussi conçue comme existant pour les autres parties et pour le tout, c’est-à-dire en tant qu’instrument (organe) ; ce qui est insuffisant (…) ; on la conçoit donc comme un organe produisant les autres parties (et en conséquence chaque partie comme produisant les autres et réciproquement) ; aucun instrument de l’art ne peut être tel, mais seulement ceux de la nature (…) ; ce n’est qu’alors et pour cette raison seulement qu’un tel produit, en tant qu’être organisé et s’organisant lui-même, peut être appelé une fin naturelle.

Dans une montre une partie est l’instrument du mouvement des autres, mais un rouage n’est pas la cause efficiente de la production d’un autre rouage ; certes une partie existe pour une autre, mais ce n’est pas par cette autre partie qu’elle existe. C’est pourquoi la cause productrice de celle-ci et de leur forme n’est pas contenue dans la nature (de cette matière), mais en dehors d’elle dans un être, qui d’après des Idées pour réaliser un tout possible par sa causalité. C’est pourquoi aussi dans une montre un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d’autres montres, en sorte qu’à cet effet elle utiliserait (elle organiserait) d’autres matières ; c’est pourquoi elle ne remplace pas d’elle-même les parties, qui lui ont été ôtées, ni ne corrige leurs défauts dans la première formation par l’intervention des autres parties, ou se répare elle-même, lorsqu’elle est déréglée : or tout cela nous pouvons en revanche l’attendre de la nature organisée. - Ainsi un être organisé n’est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ; mais l’être organisé possède en soi une force formatrice qu’il communique aux matériaux, qui ne la possèdent (il les organise) : il s’agit ainsi d’une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas être expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme). »
E. Kant, Critique de la faculté de juger, § 65 : « Les choses en tant que fins naturelles sont des êtres organisés », Paris, Vrin, tr. A Philonenko, pp. 192-194.

« Ce qui me choquait par-dessus de tout, c’est que dans cette théorie physique du corps humain, la vie (…) était passée sous silence, et que je n’en voyais nulle part une définition logique. J’eus beau chercher en effet, ce fut en vain : car aucun des propagateurs de ces prétendus doctrines n’a jamais dit et démontré ce que c’est, en quoi en consiste, d’où provient, par quels modes, par quels moyens se maintient et subsiste ce que nous appelons la vie ; par quoi, enfin, et sous quel point de vue le corps est dit vivant. »

G. – E. STAHL, De la nécessité d’éloigner de la doctrine médicale tout ce qui lui est étranger.

« On cherche dans des considérations abstraites la définition de la vie ; on la trouvera, je crois, dans cet aperçu général : La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

Tel est en effet le mode d’existence des corps vivants, que tout ce qui les entoure tend à les détruire. Les corps inorganiques agissent sans cesse sur eux ; eux-mêmes exercent les uns sur les autres une action continuelle ; bientôt ils succomberaient s’ils n’avaient en eux un principe permanent de réaction. Ce principe est celui de la vie ; inconnu dans sa nature, il ne peut être apprécié que par ses phénomènes ; or, le plus général de ces phénomènes est cette alternative habituelle d’action de la part des corps extérieurs, et de réaction de la part du corps vivant, alternative dont les proportions varient suivant l’âge.

Il y a surabondance de vie dans l’enfant, parce que la réaction surpasse l’action. L’adulte voit l’équilibre s’établir entre elles, et par là même cette turgescence vitale disparaître. La réaction du principe interne diminue chez le vieillard, l’action des corps extérieurs restant la même ; alors la vie languit et s’avance insensiblement vers son terme naturel, qui arrive lorsque toute proportion cesse.

La mesure de la vie est donc, en général, la différence qui existe entre l’effort des puissances extérieures, et celui de la résistance intérieure. L’excès des unes annonce sa faiblesse ; la prédominance de l’autre est l’indice de sa force. »
X. Bichat (1800), Recherches physiologiques sur la vie et la mort, première partie, art. I, § 1 : « Division générale de la vie », in : Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) et autres textes, Paris, GF, 1994, pp. 57-59.
« Il y a deux choses dans les phénomènes de la vie, 1° l’état de santé, 2° celui de maladie : de là, deux sciences distinctes ; la physiologie, qui s’occupe des phénomènes du premier état ; la pathologie, qui a pour objet ceux du second. L’histoire des phénomènes dans lesquels les forces vitales ont leur type naturel, nous mène comme conséquence à celle des phénomènes où ces forces sont altérées. Or, dans les sciences physiques, il n’y a que la première histoire ; jamais la seconde ne se trouve. (…) Par la même raison, toute idée de médicament répugne dans les sciences physiques. Un médicament a pour but de ramener les propriétés à leur type naturel : or, les propriétés physiques, ne perdant jamais ce type, n’ont pas besoin d’y être ramenées. Rien dans les sciences physiques ne correspond à ce qu’est la thérapeutique dans les sciences physiologiques. (…)

Par là même que les phénomènes et les lois sont si différents dans les sciences physiques et physiologiques, ces sciences elles-mêmes doivent essentiellement différer. La manière de présenter les faits et de rechercher leurs causes, l’art expérimental, etc. , tout doit porter une empreinte différente ; c’est un contresens dans ces sciences que de les entremêler. Comme les sciences physiques ont été perfectionnées avant les physiologiques, on a cru éclaircir celles-ci en y associant les autres : on les a embrouillées. C’était inévitable ; car, appliquer les sciences physiques à la physiologie, c’est expliquer par les lois des corps internes, les phénomènes des corps vivants. Or, voilà un principe faux : donc, toutes ses conséquences doivent être marquées au même coin. Laissons à la chimie son affinité, à la physique son élasticité, sa gravité. N’employons pour la physiologie que la sensibilité et la contractilité. »
X. Bichat, Anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine, Considérations générales, § III. Caractères des propriétés vitales, comparés aux caractères des propriétés physiques, in : Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) et autres textes, Paris, GF, 1994, pp. 233-234.

« En pathologie, une manière de voir téléologique n’est plus repoussée en principe par la majorité des savants actuels, cependant que toujours, sans qu’on s’en rendît compte, des termes à contenu téléologique ont été employés. Bien entendu, cette prise en considération des fins biologiques ne doit pas dispenser de la recherche d’une explication de type causal. En ce sens, la conception kantienne de la finalité est toujours actuelle. C’est par exemple un fait que l’ablation des surrénales entraîne la mort. Affirmer que la capsule surrénale est nécessaire à la vie est un jugement de valeur biologique, qui ne dispense pas de rechercher en détail les causes par lesquelles un résultat biologiquement utile est obtenu. Mais à supposer qu’une explication complète des fonctions de la surrénale soit possible, le jugement téléologique qui reconnaît la nécessité vitale de la capsule surrénale garderait encore sa valeur indépendante, eu égard précisément à son application pratique. L’analyse et la synthèse font un tout, sans se substituer l’une à l’autre. Il est nécessaire que nous soyons conscients de la différence des deux conceptions. Il est exact que le terme « téléologie » reste trop chargé d’implications d’espèce transcendante pour être utilement employé ; « final » est déjà meilleur ; mais ce qui conviendrait encore mieux ce serait peut-être « organismique », qu’emploie Aschoff, car il exprime bien le fait de se rapporter à la totalité. Cette façon de s’exprimer est adaptée à la tendance actuelle qui est de mettre de nouveau au premier plan, en pathologie comme ailleurs, l’organisme total et son comportement. »

G. CANGUILHEM, Le Normal et le pathologique, Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique (1943), Paris, P. U. F. , Quadrige, 1966, pp. 146-147.
« Les lois de la physique et de la chimie ne varient pas selon la santé ou la maladie. Mais ne pas vouloir admettre d’un point de vue biologique que la vie ne fait pas de différence entre ses états, c’est se condamner à ne pas même pouvoir distinguer un aliment d’un excrément. Certes, l’excrément d’un vivant peut être aliment pour un autre vivant, mais non pour lui. Ce qui distingue un aliment d’un excrément ce n’est pas une réalité physico-chimique, c’est une valeur biologique. Semblablement, ce qui distingue le physiologique du pathologique, ce n’est pas une réalité objective de type physico-chimique, c’est une valeur biologique. (…)

En cherchant à déterminer les constantes et les invariants qui définissent réellement les phénomènes de la vie, la physiologie fait authentiquement œuvre de science. Mais en cherchant quel est le sens vital de ces constantes, en qualifiant les unes de normales et les autres de pathologiques, le physiologiste fait plus – et non pas moins – qu’œuvre de science stricte. Il en considère plus seulement la vie comme une réalité identique à soi, mais comme un mouvement polarisé. Sans le savoir, le physiologiste ne considère plus la vie d’un œil indifférent, de l’œil du physicien qui étudie la matière, il considère la vie en qualité de vivant que la vie traverse lui aussi dans un certain sens.

L’activité scientifique du physiologiste, quelque séparée et autonome en son laboratoire qu’il la conçoive, garde un rapport plus ou moins étroit, mais incontestable, avec l’activité médicale. Ce sont les échecs de la vie qui attirent, qui ont attiré l’attention sur la vie. Toute connaissance a source dans la réflexion sur un échec de la vie. Cela ne signifie pas que la science soit une recette de procédés d’action, mais au contraire que l’essor de la science suppose un obstacle à l’action. C’est la vie elle-même, par la différence qu’elle fait entre ses comportements propulsifs et ses comportements répulsifs, qui introduit dans la conscience humaine les catégories de santé et de maladie. Ces catégories sont biologiquement techniques et subjectives et non biologiquement scientifiques et objectives. Les vivants préfèrent la santé à la maladie. Le médecin a pris parti explicitement pour le vivant, il est au service de la vie, et c’est la polarité dynamique de la vie qu’il traduit en parlant de normal et de pathologique. Le physiologiste est souvent médecin, toujours vivant, et c’est pourquoi la physiologie inclut dans ses concepts de base que si les fonctions d’un vivant prennent des allures toutes également explicables par le savant, elles sont pas de ce fait équivalentes pour le vivant lui-même. »

G. Canguilhem, Le Normal et le pathologique, Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique (1943), Paris, P. U. F. , Quadrige, pp. 148-150.


« La finalité de l’organisme n’a pas seulement reçu une consécration officielle ; elle fonctionne désormais comme un concept opérateur, comme un outil d’analyse. (…) Quelle signification pourrait bien avoir un mécanisme ajustant la production d’un métabolite à son utilisation, sinon une économie de matériaux et d’énergie ? Ou les changements de conformation que subit l’hémoglobine, sinon de favoriser le transport de l’oxygène et du gaz carbonique ? Et cela ne vaut pas seulement pour l’étude des structures, mais bien évidemment aussi pour l’étude du comportement dans bien des aspects. C’est à des fins précises que l’anguille migre chaque année dans la mer des Sargasses ; que la cigale chante en été ; que le pigeon se pavane devant la pigeonne. »

F. Jacob, Evolution et réalisme, Paris, Payot, 1974.






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