3.4- La consommation de la bagasse dans l’industrie de canne à sucre La consommation de la bagasse a fortement décliné en Haïti avec la décadence de l’industrie de la canne à sucre. La culture de la canne-à-sucre est passée de 85.000 ha à 62.000 ha de 1975 à 1995 (Saint-Dick, 1999) et à seulement 44.000 ha actuellement (PIERRE, 2005).
La consommation de la bagasse dans les PME était estimée à 525.000 tonnes (SAINT JEAN, 1999). La bagasse était essentiellement consommée par les usines de production de sucre et certaines guildives de grandes tailles. Actuellement, il existe une seule usine produisant du sucre en Haïti (usine Jean Léopold Dominique) (Pierre, 2005), mais nous n’avons pas d’information concernant ses sources énergétiques. Le Tableau 7 présente une idée de l’utilisation de la bagasse dans les PME haïtiennes.
Tableau 7 : Utilisation de la Bagasse dans les PME, en Haïti (Saint-Dick, 1999).
Type d’unité
| Energie mécanique (broyage)
| Energie thermi.
(évap./distil.)
| Petite guildive dlo kan bouilli
| Animaux
| Bois et bagasse
| Petite siropterie
| Animaux
| Bagasse et bois
| Moyenne siropterie
| Gaz-oil
| Bagasse et bois
| Petite guildivessirop
|
| Bois
| Petit atelier rapadou
| Animaux
| Bois ou bagasse
| Moyen atelier rapadou
| Gaz-oil
| Bois ou bagasse
| Petite guildive vesou
| Gaz-oil
| Bagasse
| Moyenne guildive vesou
| Bagasse - gaz-oil
| Bagasse
| Grosse guildive
| Bagasse
| Bagasse
| Commentaire : Selon Saint-Dick (1999), sur 5.612 ateliers de canne à sucre recensés en Haïti en 1997, 74 d’entre eux utilisent uniquement la bagasse, 5.100 utilisent la bagasse et partiellement le bois et les 438 autres unités les plus traditionnelles consomment plus de 98 % de la quantité de bois consommée dans cette filière.
Chapitre IV
IV- LES IMPLICATIONS SOCIALES DE LA FILIERE DU BOIS-ENERGIE EN HAITI 4.1-Qui sont charbonniers en Haïti ? Les charbonniers en Haïti sont majoritairement les agriculteurs les plus défavorisés, qui cultivent moins de deux ha de terres ou sont parfois sans terres. Leur exploitation agricole ne générant pas assez de valeur ajoutée pour subvenir au besoin de leur famille, ils se mettent dans la coupe des arbres pour fabriquer du charbon de bois, puisqu’il y a une grande demande de ce dernier dans les grandes villes. Ces paysans pauvres qui sont le plus souvent des analphabètes, n’ont parfois aucune autre alternative, que de pratiquer l’activité de charbonnier permanent. Cette activité assure la survie d’une couche importante de la population, si bien que pas mal de gens plaident en faveur de son maintien en dépit de la dégradation accrue du patrimoine forestier haïtien. En effet, plus de 65.000 charbonniers furent recensés en 1990 par le bureau des mines et de l’énergie, dont 10.000 étaient des charbonniers permanents (ANTOINE, 2000), des chiffres non négligeables, quoique nous ne disposions pas de données plus récentes. Pour Victor (2000), l’état Haïtien ne devrait pas se « désintéresser du charbon de bois et du charbonnier … et le charbon de bois doit être au cœur de toute stratégie qui vise la solution durable des problèmes énergétiques » étant donné que les charbonniers n’ont pas d’autres alternatives de survie.
Le statut de charbonnier est comme un héritage culturel relativement bien conservé. Selon VICTOR (1996) cité par le BME en 1999, c’est « Au charbonnier, l’Etat ne fournit ni crédit, ni assistance technique et ni subvention, ni information », qui doit fabriquer du charbon de bois en utilisant ses maigres moyens et son intelligence. L’activité de fabrication de charbon se fait de façon très irrégulière et non contrôlée puisque « c’est le charbonnier pauvre, qui décide : a) de La localisation et de l’extension des aires de production ; b) des techniques de prélèvement du matériel ligneux ; c) des méthodes de carbonisation ; d) et de l’ajustement de l’offre et la demande ». En effet, cette activité se réalise de façon très traditionnelle et implique le savoir faire du charbonnier qu’il a hérité de ses parents.
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