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D. RESULTATS
Caractéristiques sociodémographiques des adolescentes Au total, 15 sujets ont été inclus. La moyenne d’âge était de 16,6 ans, 7 adolescentes avaient 16 ans, 7 avaient 17 ans et 1 avait 18 ans. 5 étaient domiciliées dans le Val d’Oise et 10 en Seine-Saint-Denis (figure 1). Aucun sujet n’a refusé de participer à l’étude. ![]() ![]() Figure 2 : Âge et départements de résidence des adolescentes Les adolescentes étaient issues de niveaux socio-économiques variés, allant de la classe modeste, à la classe aisée, en passant par la classe moyenne. Elles étaient scolarisées dans des lycées publics, généraux et professionnels. Caractéristiques psychologiques Une différence de maturité et d’expérience entre les participantes a été relevée. Les adolescentes paraissant plus matures, s’exprimaient plus abondamment, plus spontanément et employaient un langage plus évolué, plus précis de manière générale et dans le domaine de la gynécologie. Leurs propos montraient qu’elles avaient déjà consulté pour motif gynécologique. Parmi les entretiens individuels, A1 s’est exprimée de manière plus importante que les autres. Au sein du groupe, la parole était souvent prise par G2, G4 et G7. Elles menaient la discussion et interpellaient les autres participantes. D’un autre côté, les nombreuses interventions de G3 sous forme de questions témoignaient de ses méconnaissances et de son besoin d’informations. Le type de vocabulaire employé témoignait également d’une disparité de maturité entre les adolescentes. Par exemple, A1 et G7 désignaient le médecin de sexe masculin par « un homme », tandis que A3 et G4 par « un garçon ». Sur le plan des connaissances, alors qu’aucune des filles du groupe ne semblaient avoir entendu parler du spéculum, G7 leur a expliqué les modalités, malgré l’emploi du mot « tube » au lieu de « spéculum ». Certaines adolescentes se sont montrées plus réservées que d’autres. Ainsi, G10, n’apparait pas dans le tableau puisqu’elle n’a pas souhaité répondre aux questions. Son professeur m’avait avertie au début de l’entretien de groupe qu’elle serait présente mais ne s’exprimerait pas.
Les adolescentes interrogées en individuel et celles de l’entretien de groupe ne hiérarchisaient pas leurs sources d’information de la même façon.
A1 : « Dans un premier temps, je demande à mes amies proches, si elles ont des réponses//Après si on n’a pas de réponse, on regarde principalement sur internet.// Et après, si on n’a pas de réponse claire ou qu’on tombe sur des trucs invraisemblables, j’appelle le médecin.// à ma mère ça m’est déjà arrivé mais vraiment minime quoi et après… et encore… enfin… c’est en dernier, dernier recours, je pense. »
Elles ont évoqué en premier lieu, les institutions médicales, puis internet, puis vient le cercle familial, de préférence féminin, le médecin, l’école, et enfin les connaissances au sens plus large. En revanche, le petit ami était exclu des sources à consulter, car d’après les adolescentes interrogées, fermé au dialogue sur le thème de la sexualité. G1 : « Y a des Pmi » Plusieurs simultanément : « Internet » G2 : « Ma belle- mère. »// G9 : « Ma mère », « Ma belle-sœur ». A propos des petits copains, G2 : « On peut leur demander, ils vont dire non ! »
A1 : « Dans un premier temps, je demande à mes amies proches, si elles ont des réponses» A3 : « Parce qu’on est super proche avec ma cousine et ... je ne me voyais pas en parler à quelqu’un d’autre qu’elle, en fait.//Ah oui ! pas aux copains. » Plusieurs : « sœurs », « Oui que des filles ». Rires chuchotés : « Pas les frères ! » G2 : « Des profs aussi. Féminin.» G3 : « au lycée il y a des infirmières, l’assistante sociale »
G9 : « Moi je dis, c’est mieux, on demande conseil à nos mères avant, après, comme elles ont déjà, elles savent déjà, euh, elles sont déjà passées par là, donc après elles savent comment y faut faire et tout, après elles nous expliquent ». G5 : « ou à des copines qui savent ou qu’on pense qui savent » A1 : « Et après, si on n’a pas de réponse claire ou qu’on tombe sur des trucs invraisemblables, j’appelle le médecin » G3 : « Nos éducateurs, si on en a … Ils nous orientent aussi, ils nous disent d’aller dans des pmi ou…c’est eux qui nous prennent des rendez- vous » A3 : « mes questions, c’est des questions assez basiques, donc euh... c’est vraiment des questions où mes copines peuvent répondre»
A3 : « Des sketchs. A chaque fois, ils prenaient une personne du public, enfin de notre classe et ils nous demandaient « qu’est- ce que vous auriez fait là ? » donc, on montait sur scène...donc c’était plutôt drôle. »
A2 : « Bah, des fois, je regarde sur internet. Je tape des questions. Il y a souvent des sites où il y a des jeunes filles qui posent des questions et on leur répond. » A2: « Sur les forums, ça part vite…sur les forums, je suis tombée dix fois enceinte, j’ai eu dix fois le sida (rires) Alors que pas du tout. Mais ouais, ça part plus …Dans des trucs un peu extrêmes ! » Les modalités de recours aux sources d’informations par les adolescentes sont représentées en figure 2. ![]() PMI, EDUCATEURS ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Figure 2 : les modalités de recours aux sources d’informations par les adolescentes
A1 : « Je ne me vois pas trop parler de ça avec mes parents. Je trouve ça assez bizarre en fait. (rire un peu gêné) un peu décalé !!!//parce que c’est un sujet plutôt délicat quand même à aborder » (elle pouffe en disant cela)// je trouve que c’est la vie privée, l’enfant par rapport aux parents, ils n’ont pas besoin de tout savoir non plus, dans les moindres détails» G4 : « ça dépend des familles parce qu’il y a des gens, tu peux leur parler librement de ta vie, y a d’autres gens, tu pourras jamais discuter de quoique ce soit. Comme sur la sexualité, ou quoi ». A3 : « Avec ma sœur, non. J’en parle pas trop... j’ose moins. Parce qu’elle est là à toujours critiquer ! »
A1 : « Parce que j’ai jamais eu besoin non plus, enfin j’ai jamais eu de manque d’informations de ce côté- là donc ça n’a pas … non, ça n’a pas gêné. » A5 : « J’en ai parlé à ma mère, et après quand…enfin, ça m’inquiétait quand même donc je lui en ai parlé » A2 : « Bah ma mère, la télé… Je sais pas… Un peu partout quoi ! » G7 : « Je suis partie chez le gynéco, et c’est le gynéco qui m’a expliqué ! »
Les adolescentes ont montré une hétérogénéité de leurs connaissances en matière de gynécologie.
Elles savaient toutes qu’il doit être respecté par le médecin. A1 : « Alors qu’en soi, c’est un médecin et le secret médical il n’y a pas de… » Les autres (vivement, en même temps, voix choquées) : « Normalement, il a pas le droit ! »
Ce sujet a amené beaucoup d’entrain lors de l’entretien de groupe. (Brouhaha général. Les idées fusent entre elles.)
A1 : « C’est juste… à l’heure actuelle il y a un million de moyens de contraception » A3 : « Au moins, je les connais tous et si je veux changer, je sais qu’il y a beaucoup de moyens de contraception » G7 : « Il y a plein de choses. » Elles avaient conscience de l’efficacité contraceptive partielle des moyens disponibles, et considéraient le stérilet et la pilule comme les plus efficaces contre une grossesse imprévue. G2 : « Et même, avec la pilule tu peux tomber enceinte… »// « De toute façon, tu as toujours un risque… » G7 : « Ouais, enfin pour pas tomber enceinte, c’est plus la pilule ou le stérilet. »
G3 : « Mais ça protège pas des maladies, si genre on prend d’autres moyens ? Si on prend pas de préservatif ? Genre, si on prend juste la pilule et tout ? » A2 : « Je l’ai prise parce que j’ai eu un copain avec qui j’ai fait ma première fois, et donc bon au final j’ai pas eu beaucoup de rapports donc ça allait. » L’effet protecteur contre les MST était majoritairement connu par les adolescentes. L’une d’elle cependant avouait sa méconnaissance des modalités de protection du préservatif contre les grossesses. Par ailleurs, elles ont toutes largement fait part de leurs craintes concernant la fiabilité du préservatif. G1 : « Pour les maladies, il y a que le préservatif » G4 : « C’est plus un truc pour les maladies que pour pas tomber enceinte » A1 : « enfin… dans mon entourage j’ai eu pas mal de cas où c’est le préservatif qui craque, qu’ils l’ont oublié... J’ai une amie à qui c’est arrivé au collège » A2 : « et je me suis dit « bon là, il y a trop de risques bêtement », donc valait mieux la prendre que de prendre des risques tout le temps. »
Chacune donne son avis sur la méthode. Brouhaha. « Il faut rentrer sa main dans le vagin... // Avec l’autre main… » G3 et G9 : « Au fait, comment ça se met ?// Tu crois que l’autre main, elle va rentrer ? »
A3 : « la gynécologie... vraiment je ne connais pas ! C’est peut- être pour ça que ça me fait peur, aussi ! » A1 : « c’est un peu le grand saut dans l’aventure quand même, c’est… on sait pas à quoi s’attendre, quand on n’y va on ne sait pas ce qu’il va se passer» A2 : « Dans tous les cas, ça sera un truc nouveau »
A1 : « c’est pas… enfin je veux dire c’est pas anodin comme d’aller en consultation pour faire un vaccin//tout le monde ne va pas arriver à l’étape plus loin, d’avoir besoin d’aller voir un gynécologue.// si on y va, à part pour un suivi régulier, c’est qu’il y a un problème concret »
G7 : « généralement quand on est là- bas, il nous dit de tout enlever parce qu’il regarde en bas mais il fait un truc aussi, il touche les seins pour voir si tout est bien… » G3 : « Déjà qu’il nous touche en bas !!!! Il touche aussi en haut » G4: « J’ai moins peur s’il toucherait nos seins que s’il nous toucherait en bas. Parce que les seins, c’est rien. Enfin, pour moi, c’est un vieux truc !! En bas, c’est pas pareil !//après lui, il met sa main et tout » A1 : « il met ses mains, il regarde comme- ci comme- ça !!!» G3 : « on est atteint dans ses parties// il va toucher nos parties intimes. Il pénètre en nous. C’est une violation. »
A1 : « je trouve l’acte en soi assez horrible...// je sais qu’avec mes copines on en a une idée atroce… ATROCE !!!// Quand j’irai ça sera une grande appréhension » A2 : « je sais que pour la première consultation chez la gynéco, là je sais que je me stresserai avant… plus. // Enfin, j’aimerai pas… là, tout de suite, j’aimerai pas y aller!» G4 : « Très mal ! Horrible ! » G6 : « Bah, au début on a un peu peur, parce que voilà, on se déshabille quand même, alors euh… Et physiquement… enfin… Des fois, j’ai peur de pas être normale, des trucs comme ça. Je sais pas, par rapport aux autres filles, avoir un problème. »
A1 : « Aaah !!! ... c’est un truc qui me… (Elle a l’air complètement dégouté)... je trouve ça… assez dégoutant en fait, dans l’idée.//(beaucoup moins détendue, elle semble gênée, sa voix se trouble) // je trouve ça assez dérangeant// assez spécial!» A5 : « C’est pas très…plaisant.// en sachant qu’on est… pas nue mais presque, enfin… se dévoiler devant son… enfin… » G9 : « Moi j’imagine sur une table avec nos jambes ouvertes, » G3 : « La honte !!!! » A1 : « parce que bon… j’ai jamais vu d’adultes revenir traumatisées, quoi » A5 : « Enfin, ma mère m’en avait parlé, elle m’avait dit que c’était rien, enfin que ça ne fait pas mal, » G6 : « Mais, je me dis, je m’en fiche parce qu’il en voit toute la journée et il se rappellera plus de nous… » G7 : « J’ai pas envie d’être nue. Je le connais pas… en plus c’est un homme… Je sais « c’est son métier » et qu’il fait ça tout le temps, mais… Ça me donne pas envie ! » G4 : «. Au début, t’as honte, t’es pas à l’aise et tout, après tu finis par ne plus avoir honte, parce qu’elle te connait ! Elle sait comment tu es. Donc après, t’as plus honte. Tu y vas, tu te poses tranquille, et voilà !// après on s’habitue si on y va tout le temps, si on y va souvent… »
A2 : « pour voir s’il n’y a pas de souci» G4 : « Pour voir si elle a pas une tumeur, si elle a pas le cancer ou un truc comme ça… Pour voir si t’as une boule. Si t’as une boule t’as un cancer, ça veut dire.//Et quand on va chez le gynéco, il regarde si on est stérile ou pas, il peut le voir? » G7 : «Imagine t’as quelque chose et tu le sais pas, tu préfères le savoir et le traiter ou … (d’une voix plus basse) le laisser et mourir. Mieux vaut prévenir que guérir !!! » G8 : « Oui, c’est pour notre bien, en fait. » A2 : « Après, bon, au bout d’un moment, faudra bien y aller ! » G7 : « Bah oui, on est obligées une fois par an ! »
A1 : « un cab, je ne suis jamais allée voir comment c’est installé// on sait pas à quoi ça ressemble les espèces d’instruments… » G3 (visage horrifié vers G7) : « Ah ! Tu crois qu’il va nous rentrer un tube ?// (se cachant le visage, sourire mi- gêné, mi- dégouté) : Ah mon dieu !!! » G7 (plus fort que les autres) : « des tubes exprès. Il y en a un pour les vierges, un pour celles qui ont pas eu d’enfant, et un pour celles qui... Pour examiner, si t’as pas le cancer du col de l’utérus ou un truc comme ça…» |