Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue.








télécharger 111.03 Kb.
titreLe programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue.
page1/3
date de publication18.01.2018
taille111.03 Kb.
typeLe programme
b.21-bal.com > comptabilité > Le programme
  1   2   3
L’EDUCATION EN FINLANDE :

LES SECRETS D’UNE ETONNANTE REUSSITE

« Chaque élève est important »
Paul Robert, Principal du collège Nelson Mandela de Clarensac (Gard)
Auréolée du prestige de ses résultats aux évaluation internationales PISA (Program for International Student Assessment) de 2000 et de 2003, la Finlande était pour moi depuis bientôt 6 ans le sujet d’interrogations persistantes auxquelles n’étaient pas parvenues à répondre les informations que j’avais pu glaner au fil des conversations ou des lectures. L’opportunité d’une visite d’étude du programme européen Arion, m’a permis de me rendre sur place en avril 2006. Organisée par M. Esa Räty, proviseur du lycée de Niinivaara de Joensuu, cette visite regroupait 18 responsables éducatifs venant de 14 pays, de la Norvège à la Turquie. Tous étaient motivés par le désir de comprendre les raisons de l’étonnant succès des élèves finlandais.

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. Nous avons également rencontré différents responsables locaux de l’éducation : Mme Janna

Puumalainen, directrice des Affaires internationales de la municipalité de Joensuu, Mme Tuula Vihonen, directrice de l’éducation de Joenssu, Mme Johanna Kurki, responsable des projets européens Arion et Comenius au Bureau d’Etat de la Province orientale de Finlande. Nous avons pu aussi discuter librement avec de nombreux professeurs et élèves ainsi qu’avec des chefs d’établissements. Découvrant peu à peu la profonde originalité du système finlandais, nous en avons tous conçu une véritable admiration et l’envie d’en importer quelques uns de ses secrets dans nos pays respectifs.
La Finlande et PISA

Les résultats de la première étude PISA menée en 2000 furent accueillis en Finlande avec satisfaction mais aussi surprise. Certes, les finlandais avaient engagé depuis plus de 30 ans de profondes réformes de leur système éducatif. Mais ils n’avaient pas encore eu l’occasion d’en constater les effets positifs de façon aussi indiscutable dans le cadre d’une étude comparative aussi vaste. Dès cette première campagne PISA, la Finlande arrivait en tête pour les performances en lecture de ses élèves parmi les 43 pays participants (les 30 pays de l’OCDE plus 13 pays associés). Elle arrivait à la 4ème place en maths et à la 3ème place en sciences. Figurant déjà parmi les tout premiers pays au monde pour l’efficacité de son éducation, la Finlande améliora encore sa position en 2003, et obtint la première place, parmi les 41 pays participants, dans les 3 matières déjà évaluées en 2000 et la seconde pour la résolution de problèmes, introduite dans cette nouvelle session.

La Finlande se pencha alors plus attentivement sur la question et publia un rapport analysant ses résultats à PISA en 2003 (ce qu’elle n’avait pas fait en 2000). Ce rapport met en évidence des caractéristiques dont l’intérêt va bien au-delà des scores bruts. En effet les différences entre garçons et filles y sont beaucoup moins fortes que dans n’importe lequel des autres pays participants. Les garçons y réussissent certes moins bien que les filles en lecture mais la différence est nettement moins marquée qu’ailleurs. Et en maths, contrairement à tous les autres pays les filles réussissent presque aussi bien que les garçons. Autre trait remarquable : la Finlande est le pays, après l’Islande, où l’impact des disparités sociales sur les performances des élèves est le plus faible. Très significativement, le quart le plus défavorisé, selon des critères socio-économiques, de la population d’élèves testés en Finlande se situe en mathématiques nettement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, toutes populations confondues. De la même manière, les différences entre établissements sont, là encore après l’Islande, les plus faibles de tous les pays évalués..

Autre enseignement remarquable de l’étude: la proportion d’élèves obtenant des résultats faibles («low-achievers ») en mathématiques est nettement moins élevée en Finlande qu’ailleurs (6% contre 21% dans la moyenne des pays de l’OCDE). Donnée qui n’est sans doute pas sans rapport avec le fait que les élèves finlandais affichent une forte confiance en eux, en leurs propres compétences et en leur potentiel d’apprentissage. Enfin leur niveau d’anxiété par rapport à l’apprentissage des mathématiques apparaît nettement plus faible que dans les autres pays.

Ainsi il ressort de cette étude que la Finlande est un des pays au monde où les inégalités sont les mieux corrigés par l’éducation, où les différences de compétences entre garçons et filles sont les plus faibles et où les élèves ont un sentiment d’eux-mêmes très positif par rapport aux apprentissages.

Il vaut donc la peine de chercher à comprendre comment ce pays a su apporter des réponses aussi pertinentes à des problèmes dont la France n’a, après 30 ans de collège unique, pas réussi à venir à bout..
Les clés du succès
A.« Chaque élève est important »
On se souvient que lors du « Grand Débat sur l’avenir de l’école » organisé à la fin de l’année 2003 pour préparer la nouvelle loi d’orientation, la formule figurant dans le rapport annexé à la loi de 1989, avait concentré une grande part de la polémique : que fallait-il mettre au centre du système, l’élève ou les savoirs ?
La Finlande a sans conteste choisi la première solution. Il semble même que ce soit une fine et profonde analyse des besoins réels de chaque élève qui soit à la base de l’étonnant succès du système patiemment élaboré en 30 ans de réforme dans ce pays.

L’idée qu’un élève heureux, épanoui, libre de se développer à son rythme, acquerra plus aisément les savoirs fondamentaux n’a rien là-bas d’une utopie de pédagogue illuminé : c’est tout simplement ce qui oriente l’action de tous : état, municipalités, chefs d’établissement, professeurs… La Finlande respecte profondément les savoirs, mais elle respecte encore plus les individus à qui elle veut les faire acquérir. Et cela ne passe pas làbas pour un idéalisme débridé, mais pour le plus élémentaire pragmatisme. M. Esa Räty, proviseur du lycée Niinivaara de Joensuu, a fait sa devise de la formule qui résume cette philosophie: « chaque élève est important ».
a) Un environnement chaleureux et accueillant
L’élève doit se sentir à l’école « comme chez lui ». Tout hiatus entre l’école et la maison doit être autant que possible gommé. Le cadre de vie est conçu pour favoriser cette continuité : l’école est un lieu de vie où les espaces de travail sont vastes (65m2 par classe dans le nouveau collège en construction à Joensuu) et où de confortables endroits sont prévus pour le repos. Les élèves vaquent dans des couloirs aux couleurs chaudes et souvent décorés de travaux d’élèves, sans hâte et sans bousculades. Pas de dégradations : les locaux sont propres et respectés comme un deuxième chez soi. Il semble qu’il ne viendrait même pas à l’esprit des élèves de taguer, de souiller, de détruire. La taille modeste des établissements (300 à 400 élèves pour un collège; 400 à 500 pour un lycée) crée une atmosphère de proximité et permet au principal ou au proviseur de connaître personnellement tous ses élèves.

Quant aux relations entre les professeurs et les élèves, elles sont empreintes elles aussi d’une grande familiarité qui n’exclut aucunement le respect mutuel. Du jardin d’enfant au lycée, les professeurs sont accessibles, disponibles, attentifs. Une jeune élève allemande du lycée de Niinivaara, venue passer une année dans le cadre d’un échange international, raconte qu’elle avait un jour téléphoné à un professeur sur son portable pour obtenir des éclaircissements sur un point du programme. Assez intimidée, elle craignait la réaction de l’enseignant. Mais celui-ci s’était montré, à sa grande surprise, enchanté de pouvoir lui rendre service. « Tout le monde, ajoute-t-elle, est ouvert et positif. Les professeurs cherchent à aider les élèves à apprendre. C’est extrêmement chaleureux et amical ». Aussi tous les élèves avec qui j’ai pu échanger disent-ils aimer leur école, même s’ils sont en délicatesse avec telle ou telle matière.

Un des critères que le lycée de Niinivaara fait entrer dans son auto-évaluation est le sentiment qu’ont les élèves de pouvoir être eux-mêmes en toute circonstance! De fait on est frappé en circulant dans les établissements par la grande décontraction (y compris vestimentaire) et la liberté de mouvement des élèves qui n’exclut d’ailleurs nullement une surprenante auto-discipline. Il semble que les vols soient inconnus: les élèves déposent sans crainte leur vêtement dans un vestiaire en libre accès dans le hall de tout établissement. Les vélos sont également déposés sans anti-vol dans les emplacements prévus. En cours les professeurs ont un seuil de tolérance élevé par rapport à de petits écarts qui entraînent souvent en France des sanctions immédiates: cours de maths au collège de Juhanala – un portable sonne. C’est tout juste si l’on entend le professeur rappeler l’élève à l’ordre par un petit clappement de langue réprobateur. L’élève regarde discrètement son sms et tout rentre dans l’ordre. Dans le même cours une autre élève tresse tranquillement un scoubidou sans s’attirer la moindre remarque: elle ne dérange personne et peut-être cette occupation lui permet-elle de mieux suivre le cours… Alors pourquoi s’en formaliser ? Certes il existe des sanctions : les élèves perturbateurs peuvent se voir infliger une demi-heure de retenue : ils devront rester tranquilles, sans rien faire, pendant ce temps sous la surveillance d’un professeur. Les chefs d’établissement ont même le droit d’exclure – jusqu’à trois mois – les élèves, mais cette sanction est rarissime et de toute façon assortie de l’obligation d’assurer la continuité de l’enseignement à la maison ! Quant à l’exclusion définitive elle n’est pas envisagée : un père de famille penserait-il à mettre son enfant à la rue ?

Cette atmosphère familiale est encore plus sensible au jardin d’enfant. Les adultes y sont en nombre suffisant pour assurer une relation étroite avec chaque enfant. Trois assistantes maternelles plus une aide ménagère par groupe de 12 enfants entre 1 et 3 ans;

2 professeurs qualifiés, une assistante maternelle et une aide ménagère pour un groupe de 21 enfants entre 3 et 6 ans. Par ailleurs tout est fait dans le choix du mobilier et dans le rythme des activités pour n’imposer aucun stress inutile aux enfants. Aussi ces derniers paraissent-ils étonnamment calmes, détendus et disponibles.
b) Des rythmes d’apprentissage adaptés aux enfants
Ce n’est qu’à partir de 7 ans les enfants commencent normalement à apprendre à lire. Auparavant le jardin d’enfant (1 à 6 ans) et l’éducation préscolaire (6 à 7 ans) cherchent avant tout à éveiller les aptitudes des enfants, leur curiosité, leur habileté. Chaque jour est consacré à une discipline (musique, sport, activités manuelle ou artistiques, langue maternelle, maths) mais c’est seulement le matin que les enfants s’y initient, de façon toujours très attractive. L’après-midi est réservé au jeu.

Ainsi les apprentissages initiaux se font sans violence, sans stress et sans contrainte excessive avec le souci constant de stimuler, de motiver, d’être à l’écoute. Si un enfant montre des dispositions particulières, on lui donnera l’opportunité d’apprendre à lire plus précocement (6 ans). En revanche, en accord avec les parents, les professeurs peuvent garder un enfant jusqu’à 8 ans au jardin d’enfant s’il apparaît qu’il n’est pas prêt pour la lecture.

Le redoublement est par la suite en principe proscrit par la loi ; il peut, à titre exceptionnel être proposé mais doit toujours être accepté par l’élève et par la famille. En revanche des groupes de soutien sont systématiquement organisés pour les élèves qui éprouvent des difficultés dans telle ou telle matière, et un assistant dépêché dans la classe pour les épauler.

Quant à la journée de travail, elle est organisée avec le souci de respecter les rythmes biologiques de l’enfant et d’éviter toute fatigue inutile : jusqu’à 16 ans – fin de l’école obligatoire – les séquences de cours sont limitées à 45 mn et entrecoupées de plages de repos de 15 mn pendant lesquelles les élèves peuvent vaquer librement dans les couloirs, discuter tranquillement dans les salles de repos, jouer ou se connecter sur les ordinateurs mis à leur disposition.
c) Une détection précoce des handicaps et des troubles de l’apprentissage et des aides ciblées
Afin de pouvoir s’adapter au mieux aux besoins de chaque enfant, les finlandais ont mis en place une détection précoce et systématique des troubles de l’apprentissage et des handicaps divers. Dès le jardin d’enfant, les élèves passent des séries de tests. Les plus handicapés iront dès le début de l’école primaire vers des classes spécialisées où ils seront pris en charge à raison de 5 élèves par classe par des professeurs formés à cette fin. Les classes pour enfants « à besoin spéciaux » sont implantées dans des écoles classiques, ce qui permet d’intégrer ces élèves dans des cours « normaux » dans les disciplines où cela est possible (travaux manuels, musique, sport – quand il ne s’agit pas de handicap physique).

Quand les troubles sont moins profonds, l’intégration totale est privilégiée, avec tous les moyens techniques nécessaires pour la favoriser. C’est ainsi qu’au collège Juhanala un enfant malentendant peut suivre tous les cours grâce à un dispositif de micro émetteur portable dont sont équipés tous les professeurs qui ont cet élève dans leur cours, lui-même étant doté d’un appareil récepteur.

Des professeurs spécialisés sont également présents dans tous les établissements secondaires afin d’apporter une aide ciblée aux élèves qui éprouvent des difficultés à un moment de leur cursus dans telle ou telle matière. Les effectifs d’élèves pris en charge pour une durée variable par ces professeurs n’excèdent pas 5. Dès que possible les élèves sont réintégrés dans leurs classe normale. Ces professeurs spécialisés sont aussi présents dans les lycées et les lycées professionnels.

Quant aux élèves ne parlant pas le finnois, tout est fait pour assurer leur intégration le plus rapidement possible. Certes la Finlande a encore un taux d’immigration parmi le plus faibles d’Europe (2%) ; mais depuis la chute de l’URSS, le nombre d’immigrants russes a fortement augmenté et la province limitrophe de Carélie est bien sûr une des premières touchées. Confrontée à ce problème, la municipalité de Joensuu a encouragé la création d’un établissement finno-russe. Les nouveaux arrivants y bénéficient non seulement de cours de finnois intensifs mais aussi d’un assistant parfaitement bilingue qui les suit, par groupe de 5 maximum, dans tous les cours afin de leur donner au fur et à mesure toutes les clés de compréhension nécessaires.

d) Un taux d’encadrement élevé
J’ai déjà souligné l’importance du nombre d’adultes par enfants dans l’éducation préscolaire. Qu’en est-il du taux d’encadrement par la suite ?

Durant les premières années de l’école obligatoire (« basic education » de 7 à 13 ans), les effectifs ne doivent pas dépasser 25 élèves par classe. En fait la norme semble plutôt être autour de 20 élèves mais il peut y avoir, on l’a vu, des exceptions. Au collège de Juhanala aucune des classes que j’ai visitée ne dépassait 20 élèves. Au lycée, les groupes sont constitués en fonction des inscriptions des élèves : les tailles sont donc très variables mais il n’est pas rare de voir des groupes de TP de 6 ou 7 élèves. Enfin dès l’école primaire et encore au collège, des assistants d’éducation viennent apporter leur concours au professeur dans sa classe-même où il peut prendre en charge des groupes restreints

d’élèves ayant besoin d’une aide particulière.

Les établissement secondaires sont également dotés de conseillers, plus ou moins équivalents à nos COP, sauf que ces derniers peuvent avoir en charge jusqu’à 1500 élèves dans plusieurs établissements, alors que leurs homologues finlandais sont présents à temps plein dans un établissement à raison d’un conseiller pour 200 élèves, ce qui leur permet d’être disponibles pour tous les élèves qui peuvent venir les consulter à la demande pour être guidés dans leurs études et bénéficier aussi d’une écoute attentive et experte en cas de besoin. Même si l’élève n’en ressent pas l’urgence, il devra aller voir son conseiller au moins deux fois par an.

Une interrogation demeure à laquelle je n’ai pu pour l’instant apporter de réponse certaine : comment expliquer ces taux d’encadrement, alors que d’après les statistiques disponibles la dépense globale d’éducation de la Finlande est à peu près comparable à celle de la France (autour de 7% du PIB)? L’absence de « vie scolaire » et de corps d’inspection et le poids beaucoup moins lourd de l’administration centrale en raison d’une décentralisation poussée pourraient être des éléments de réponse. En tout cas il est certain que les moyens, s’ils sont réellement identiques, sont distribués de façon beaucoup plus efficiente pour le plus grand bénéfice des élèves.
e) Des élèves actifs et impliqués
Tout au long de ma visite, je n’ai pas assisté à un seul cours magistral. J’ai toujours vu des élèves en activité, seul ou par groupe, j’ai toujours vu des professeurs sollicitant leur participation et attentifs à leurs demandes. Rien en soi d’extraordinaire à ce constat : on peut trouver en France des cours où les élèves sont ainsi impliqués et actifs. Mais en Finlande c’est la norme. Le professeur est là comme une ressource parmi d’autres; en classe de finlandais les murs sont couverts de livres; il n’y a pas une salle qui n’ait son rétroprojecteur, son ordinateur, son vidéo projecteur, sa TV et son lecteur de DVD. Tous les moyens pour mettre les élèves en contact avec les connaissances sont bons et l’élève est constamment sollicité pour construire du sens à sa mesure à partir de tout cela. Rien de contraint, rien de pesant. « On ne peut forcer les élèves ; il faut leur donner des possibilités différentes d’apprendre, d’acquérir des compétences. » (M. Hannu Naumanen, principal du collège Pielisjoki). Aussi règne-t-il dans les classes une atmosphère de saine coopération où chacun est à sa place et tient un rôle dans la construction collective du savoir.

Quelques exemples :

- cours de finlandais (20 élèves de 14 ans environ ; étude d’un roman du XVIIème siècle, Les Trois Frères): le professeur rappelle, à l’aide d’un transparent, le plan de l’ouvrage, puis donne la consigne aux élèves : chacun devra lire en classe un passage du livre puis l’exposer à ses camarades. Les élèves se lèvent pour aller prendre un exemplaire de la série qui figure sur les rayonnages abondamment fournis de la bibliothèque de la classe et se plongent silencieusement dans la lecture avant de prendre à tour de rôle la parole devant le reste de la classe.

- cours d’anglais (19 élèves de 15 ans environ) : un élève de 14-15ans fait, en bon anglais, un exposé sur le skate (il a apporté sa planche dont il détaille le fonctionnement) puis il passe une vidéo montrant diverses acrobaties périlleuses dans les endroits les plus incongrus avec un commentaire en anglais. A la fin de l’exposé, les élèves applaudissent puis doivent donner leur avis sur le travail de leur camarade en fonction d’une grille d’analyse fournie par le professeur.

- cours d’histoire (20 élèves de 14 ans environ) : les élèves sagement assis sur des tapis de sol, assistent au gymnase à une saynète jouée par une troupe amateur ; il s’agit d’un épisode de la seconde guerre mondiale mettant aux prises serbes et croates. Les élèves applaudissent puis après quelques explications et consignes du professeur se répartissent par groupe pour noter sur des feuilles de canson leurs impressions et leurs réflexions, par écrit ou de façon imagée.

Certes, on connaît en France, depuis longtemps, les méthodes dites « actives ». Mais on ne peut affirmer encore aujourd’hui qu’elles se soient généralisées. Dans la pratique combien observe-t-on de cours magistraux où l’élève passe le plus clair de son temps à copier la leçon? La Finlande veut que les élèves accèdent au savoir avec enthousiasme et cela n’est possible qu’en les rendant pleinement acteurs de leur apprentissage. « Le professeur n’est pas là pour tout faire, mais il organise, il aide les élèves à apprendre ». (Mme Sirkky Pyy, professeur d’anglais).

Ce rôle de guide, bien plus que de « magister » trônant sur ses connaissances, apparaît dans un document de la faculté d’éducation de Joensuu, intitulé « Ce qui fait un bon professeur ». On y constate que si l’on demande au professeur de maîtriser « la structure des connaissances » dans sa discipline, on attend surtout de lui qu’il favorise les apprentissages de ses élèves dans une atmosphère de tolérance et de respect. On lui demande davantage de créer des situations d’apprentissage variées et stimulantes que d’imposer d’autorité un savoir tout-puissant.
f) Une liberté de choix encadrée
Un des traits les plus connus du système finlandais est la grande liberté de choix laissée aux élèves pour organiser leur cursus. En réalité cette liberté est très progressive, en relation avec le degré de maturité des élèves. Tout au long de « l’école fondamentale » (entre 7 et 13 ans) le cursus est le même pour tous. Tous les élèves commencent l’anglais à 9 ans. A 11 ans, ils peuvent choisir une deuxième langue parmi l’allemand, le français, le suédois et le russe, l’allemand étant nettement majoritaire.

A partir du niveau 7 (13 ans) , des matières optionnelles sont introduites, différentes selon les collèges qui définissent leurs propositions en accord avec les municipalités. Chaque collège peut choisir de mettre davantage l’accent sur telle ou telle option dont il tirera sa spécificité. Le choix peut être très varié : éducation physique, dessin, nouvelles technologies, musique, langues étrangères…. L’effectif minimum pour ouvrir une option est de 16 élèves. Au niveau 7, les élèves peuvent choisir 2 matières optionnelles, 6 au niveau 8, et 5 au dernier niveau de l’école obligatoire, le total des séquences de cours hebdomadaires (cours obligatoires et optionnels confondus) ne devant pas excéder 30 à tous les niveaux du collège. Jusqu’à 16 ans, les élèves peuvent ainsi construire peu à peu leur autonomie et développer un sens de la responsabilité par rapport à leur cursus. Ils peuvent bénéficier pour cela de l’aide des conseillers dont j’ai parlé plus haut.

Si au collège le cadre de la classe traditionnelle est maintenu, en revanche à partir du lycée, les élèves vont pouvoir composer entièrement leur programme en s’inscrivant à des cours, dont la liste est disponible sur le réseau informatique de leur établissement et accessible aussi par internet. Sur les 3 ans du lycée, les élèves doivent suivre 75 cours : 45 sont obligatoires, les autres totalement optionnels. La classe n’existe plus. Les élèves vont se retrouver dans des configurations différentes selon les cours auxquels ils se sont inscrits en fonction des disponibilités. Lorsqu’un cours atteint un certain effectif, l’inscription est close et l’élève devra soit s’inscrire dans le même cours mais avec un autre professeur, soit patienter jusqu’à la prochaine session. Certains professeurs qui ont connu le système traditionnel des classes encore en vigueur il y a 20 ans au lycée, regrettent cette notion de groupe constitué bien identifié pour une année. Mais il semble que les élèves se soient parfaitement adaptés au nouveau système et en tirent tout le profit possible. L’avantage pour eux est de pouvoir profiler très fortement leur cursus, en fonction de leurs aptitudes et de leur projet de poursuite d’études. Il permet aussi d’avancer de façon modulée selon ses capacités dans les différentes disciplines, toute notion de redoublement global, impliquant de recommencer y compris les cours des matières où l’on réussit bien, étant exclue. Ce qui implique aussi bien sûr que des élèves d’âges variés peuvent se retrouver dans un même groupe de niveau.

Chaque lycée va aussi pouvoir développer des « lignes de programme » particulières, parallèlement au noyau dur (« core curriculum ») défini nationalement et qui doit être proposé partout. C’est ainsi qu’au lycée de Niinivaara, les élèves peuvent suivre un programme renforcé de musique ou de sciences. Le niveau atteint par les élèves en musique est remarquable et leur permet de réaliser dans le cadre du lycée des spectacles de très bonne tenue, non loin de pouvoir rivaliser avec des professionnels. Le proviseur luimême propose également un cours de création d’entreprise qui permet aux élèves de mener un projet en taille réelle dans toutes ses composantes y compris financières – la possibilité de faire du bénéfice n’étant pas écartée.

Dans l’enseignement professionnel, il existe aussi une part de libre choix correspondant à environ 8% de l’ensemble des cours évalués. Les élèves y sont incités à composer leur propre programme personnel d’apprentissage; la possibilité existe même de compléter son cursus dans un autre établissement que celui où l’on est inscrit, notamment pour la partie générale pour laquelle on peut suivre des cours en lycée.

L’autonomie très large dont bénéficient les lycéens constitue assurément une excellente préparation aux études supérieures et permet d’éviter l’énorme hiatus qui, en France, est une des principales cause d’échec et d’abandon pour les étudiants de première année.
g) Une évaluation motivante
Qu’en est-il des notes en Finlande ? Comment ce pays évalue-t-il les élèves ? A-t-il trouvé un moyen de réconcilier évaluation et motivation ?

Jusqu’à 9 ans les élèves ne sont absolument pas notés. Ce n’est qu’à cet âge qu’ils sont évalués pour la première fois, de façon non chiffrée. Puis plus rien de nouveau jusqu’à 11 ans. C’est dire qu’au cours de l’équivalent de toute notre scolarité primaire les élèves ne subissent qu’une seule évaluation. L’acquisition des savoir fondamentaux peut ainsi se faire sans le stress des notes et des contrôles et sans la stigmatisation des élèves plus lents.

Chacun va pouvoir progresser à son rythme sans intérioriser, s’il ne suit pas au rythme voulu par la norme académique, ce sentiment de déficience voire de « nullité » qui produira tant d’échecs ultérieurs, cette image de soi si dégradée qui fait, pour beaucoup d’élèves, que les premiers pas sur les chemins de la connaissance sont si souvent générateurs d’angoisse et de souffrance. La Finlande a fait le choix de faire confiance à la curiosité et à la soif naturelle d’apprendre des enfants. Les notes à ce stade ne seraient qu’un obstacle. Cela, bien sûr, n’exclut pas d’informer les familles régulièrement des progrès de leurs enfants : à l’école de Kanenvala des bulletins sont envoyés deux fois (à Noël et en mai) ; mais les notes chiffrées n’apparaissent que la 6ème année quand les enfants atteignent l’âge de 13 ans.

Après 13 ans, le même rythme d’évaluation est conservé au collège avec des notes chiffrées pouvant aller de 4 à 10. Cette échelle de notes, assez surprenante pour nous français qui avons la religion de la note sur 20, est symptomatique de la volonté de valoriser l’élève: il sait ou ne sait pas ; s’il ne sait pas il obtient 4, note qui implique de devoir recommencer l’apprentissage non accompli. On a proscrit le 0 infamant et les notes très basses : quel intérêt de construire une échelle de l’ignorance? En revanche on peut distinguer des niveaux de perfectibilité: une connaissance a pu être acquise sans être poussée à sa perfection: c’est ce que signifient les notes entre 5 et 9.

Au lycée la même échelle est conservée. En revanche le rythme des évaluations est beaucoup plus soutenu: chaque session de 6 semaines se conclut par une semaine pendant laquelle les élèves subissent des tests chaque jour de 9h à 12h. En compensation de ce stress, ils sont libérés cette semaine-là tous les après-midi.

Les élève doivent valider les deux tiers des cours dans chaque discipline suivie. Ils peuvent donc continuer leur progression malgré un ou deux échecs. Ils sont néanmoins encouragés à redoubler un cours non validé. Autre alternative : passer un examen de repêchage (« resist exam ») le deuxième mercredi suivant la fin d’une période.

A ce stade, le poids de la note chiffrée devient plus déterminant et les nuances d’acquisition entre 5 et 10 peuvent jouer un rôle dans l’orientation future : il semble même qu’une sorte de « moyenne » (au sens où nous l’entendons du 10/20) se soit reconstituée

autour de 7. Cela explique aussi que les réclamations des familles auprès du bureau d’Etat de la province (équivalent – très allégé de notre rectorat) aient tendance à se multiplier – occupant une grande partie des fonctionnaires de ce service, qui se font un devoir de les instruire.

Dans l’examen final (« matriculation examination »), il existe une échelle de notation de 0 à 7 (le 1 étant sauté), associée à d’anciens grades aux dénominations latines. Bien que l’échelle soit différente et que le zéro fasse ici sa réapparition, le nombre de « grades » est identique à celui que l’on trouve dans l’échelle de 4 à 10 en vigueur dans la scolarité secondaire. Par ailleurs les candidats peuvent repasser jusqu’à deux fois et sur un laps de temps d’un an maximum (il y a deux sessions d’examen par an) les épreuves auxquelles ils ont échoué.

Dans l’enseignement professionnel l’évaluation est basée sur l’encouragement et le dialogue. L’élève y est pleinement associé notamment par le biais de l’auto-évaluation. L’échelle de notes y est de 1 à 5.

La pratique de l’évaluation semble donc guidée en Finlande par le souci de ne pénaliser personne et de toujours laisser sa chance à l’élève, en valorisant plutôt ce qui est su que ce qui n’est pas su. « Ce qui est important, c’est que les élèves aient le sentiment d’être bons dans quelque chose. » (M. Hannu Naumanen, principal du collège Pielisjoki).

Guidée par ce principe, l’évaluation des élèves perd son caractère compétitif et angoissant et peut devenir au contraire pour eux un moyen stimulant et motivant de se situer dans une progression souple et adaptée à leur rythme.

  1   2   3

similaire:

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconIntroduction générale
«key schools», des écoles primaires, des écoles secondaires (comprenant des écoles d'agriculture et professionnelles), des écoles...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconNous sommes deux amies d’enfance, Elsa et Charlotte. On a 25 ans...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconDans ‘’À la recherche du temps perdu’’
«L’accent de Vinteuil était séparé de l’accent des autres musiciens par une différence bien plus grande que celle que nous percevons...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconLe programme des conférences de D3, de septembre à juin, porte sur...
«ancienneté» dans ce contexte pédagogique, explique que la grande majorité d’entre nous a l’expérience de l’enseignement et de l’évaluation...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconC'est l'union de trois choses en une ou, ce qui est équivalent, l'union...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconAssociation d’intérêt général loi – 1901
«entre deux», cet espace entre deux humains, un enfant (qui sera peut être à son tour un parent), et son parent (qui garde au fond...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconI. fiche d’identite de la formation
«Linguistique, Analyse du Discours et Didactique») et le parcours mcc («Médiation Culturelle et Communication»). Dans le projet actuel,...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. icon3. Programme des deux journées (provisoire) (

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconManettes
«théâtre» et deux «romans». Romans divers cartonnage dos cuir rouge (décolorés) + trois vols dont «l’Artiste» deux tomes de 1864...

Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d’enfant, deux écoles primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une université et un centre de formation continue. iconLa base pour comprendre les intelligences multiples jacques Belleau
«intelligents» pour y survivre? Ces deux exemples nous instruisent et nous ouvrent des pistes de réflexion, celle que nous explorerons...








Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
b.21-bal.com